Les Rangers à la Pointe du Hoc

Commandés par le Lt Col. James E. Rudder, les 225 Rangers avaient à accomplir une mission très spéciale à la Pointe du Hoc : Ils devaient s'emparer de cette position fortifiée et neutraliser la batterie de 6 canons de 155mm qui était capable de tirer sur toutes les approches d'Omaha et de Utah. La difficulté de cette mission était dûe à la configuration du terrain; une bande de plage de 25 mètres de large surmontée d'une falaise de 30 mètres de haut qu'il allait falloir escalader.

C'est vers 04 h 30 du matin, que les 10 LCA et les 4 DUKW transportant les troupes furent mis à l'eau à partir des navires de transport à une vingtaine de kilomètres du rivage. Chaque LCA était équipé de lance-fusées qui propulseraient des filins, des cordes à noeuds et des échelles de cordes pour permettre l'ascension de la falaise. Chaque péniche transportait également des échelles extensibles, dont les sections pouvaient être assemblées les unes aux autres. Chaque DUKW transportait une échelle de type pompier de 33 mètres de longueur.
Le plan d'attaque était de débarquer à l'Heure H, la compagnie D à l'Ouest de la pointe et les compagnies E et F à l'Est, et de neutraliser la batterie située au sommet de la falaise.

A cause des forts courants de marée et de la visibilité mauvaise, la vedette de contrôle britannique se trompa et amèna la flottille vers la Pointe de la Percée située deux kms à l'Est. Les Rangers furent donc contraints, pour rejoindre la Pointe du Hoc, de naviguer près de la côte sous le feu allemand qui detruira un DUKW. Un LCA avait coulé auparavant dans la mer démontée peu après la zone de départ.

Cette erreur de navigation va entrainer un retard de 40 minutes sur l'horaire prévu si bien que les autres compagnies de Rangers, qui devaient débarquer à la suite de Rudder mais n'ayant pas de nouvelles de lui, se dirigèrent vers Omaha Beach.
 

A 07 h 10 les 9 LCA restants se présentèrent sur un front de 400 mètres du côté Est de la pointe et les Rangers débarquèrent sur l'étroite bande de plage. Moins de 5 minutes après, les premiers Rangers se retrouvèrent en haut de la falaise et, après s'être regroupés par petits groupes, commencèrent à faire mouvement selon les missions assignées. Ils atteignirent les emplacements de batteries et les trouvèrent vides de canons. Sans hésiter les Rangers poursuivirent leur mission et se dirigèrent vers l'intérieur des terres pour couper la route côtière, établir une position défensive et attendre les renforts devant les rejoindre depuis Omaha Beach.

Les patrouilles commencèrent vers 09 h 00. Suivant un chemin au delà de la route, deux Rangers trouvèrent les canons ainsi qu'un important stock de munitions mais sans aucun soldat allemand à leur abord. Ils détruisirent deux canons à l'aide de grenades et revinrent pour en chercher d'autres. Une autre patrouille termina le travail et fit sauter les munitions.

Cependant l'ennemi commencait à se remettre de sa confusion et lança plusieurs contre-attaques au cours de la journée. Le groupe de Rangers resta en état de siège, les communications avec le groupe avancé sur la route nationale étaient intermittentes et le poste de commandement restait sans communications avec les forces attaquantes sur les plages principales.
Dans l'après midi un seul message arriva au Vème corps en provenance de la Pointe du Hoc :" Situé la Pointe du Hoc - Mission accomplie - Avons besoin munitions et renforts - Beaucoup de pertes ".

Cette situation à la Pointe se poursuivit les journées du 6 juin et du 7 juin, les Rangers s'étaient installés dans des positions défensives en attendant l'arrivée des renforts d'Omaha.

Ce sera seulement vers 12 h 00 le 8 juin que la relève, constituée d'éléments du 5th Ranger Battalion, du 116th Infantry Regiment et de chars du 743rd Tank Battalion, obligera les Allemands à se retirer en direction de Grandcamp et permettra aux Rangers de prendre un peu de repos.
Au cours de cet assaut le 2nd Ranger Battalion aura subi 135 pertes sur les 225 hommes débarqués. Le 8 juin à 12 h 00 seuls 90 hommes restaient en état de combattre.