La
portion de côte codée sous le nom d'Omaha est une plage située
entre Vierville sur Mer à l'Ouest et Colleville sur Mer à l'Est.
Cette plage, de six kilomètres de long, est bordée de chaque côté
par des falaises allant jusqu'à une soixantaine de mètres de haut
s'enfonçant directement dans la mer. La plage elle-même est dominée
par un talus herbeux d'une quarantaine de mètres de haut avec une pente
présentant une forte déclivité.
Encastrée entre
des falaises, cette plage ne possède que cinq issues de qualité
variable. Quelques cinq kilomètres à l'Ouest de la plage se
trouve la Pointe du Hoc, falaise rocheuse d'un peu plus de trente mètres
de hauteur.
La défense de ce secteur
côtier est confiée à la 716 ID et à la 352 ID. L'épine
dorsale de ce système de défense repose sur les points d'appui WN
installés en bordure de plage et qui interdisent l'accès aux vallées
de sortie; aucun ouvrage betonné ne se situe à l'intérieur
des terres. De plus les régiments d'artillerie de la 352 ID installés
quelques kilomètres à l'intérieur, entre la Cambe et Formigny,
tiennent sous le feu d'environ 24 pièces de 105mm à 150mm les six
kilomètres de plage.
Parmi les moyens passifs de défense
on trouvera les murs et fossés anti-chars présents le long de la
plage ainsi que les différents obstacles de plage : pieux, tétraèdres,
éléments "C" et porte belge.
Secteur Omaha Beach
Les Objectifs : Le but du débarquement
dans ce secteur est d'établir une tête de pont allant de Port en
Bessin à la Vire et de pousser ensuite vers Caumont et Saint-Lô en
même temps que la seconde armée britannique. Une fois les plages
passées, les unités devront s'enfoncer vers l'intérieur pour
atteindre une ligne allant de Isigny à Tour en Bessin. De plus les troupes
devront faire la jonction avec les Rangers débarqués à la
Pointe du Hoc à l'Ouest et le 47th Royal Marine Commando Britannique à
Port en Bessin à l'Est.
L'invasion
: Les conditions météorologiques,
le courant de marée et la mauvaise visibilité vont complétement
désorganiser les plans prévus pour les compagnies d'assaut de la
première vague.
Les bombardements péliminaires effectués
par l'aviation ont manqué les WN car les bombardiers, sans visibilité,
ont allongé très légèrement leur largage, dispersant
leurs bombes dans l'arrière pays. Ce sont des défenses allemandes
intactes que les huit compagnies de la première vague vont devoir affronter.
A 06 h 30
les LCA et LCVP approchent de la plage et le feu allemand se déchaine.
Les rampes s'abaissent et c'est l'enfer. Les GI's découvrent une plage
lisse, sans aucun endroit ou s'abriter et constamment balayée par les mitrailleuses,
canons et mortiers allemands. De plus la plupart des barges ont dérivé
vers l'Est à cause du fort courant de marée et les hommes se retrouvent
en des endroits qui ne sont pas les leurs, mélangés à d'autres
groupes d'autres compagnies.
La compagnie
A/116 perd pratiquement tous ses officiers dans le premier quart d'heure, les
hommes sont prostrés en bordure de l'eau ou derrière les obstacles
et refusent d'avancer, paralysés par la terreur.
Elements du 1/16 Inf Rgt ( Robert F. Sargent - USASC )
A part en quelques endroits
le scénario est partout le même: des hommes abrités derrière
la levée de galets, les véhicules détruits, les obstacles
ou bien allongés en bordure de l'eau et progressant en même temps
que la marée montante.
Les renforts
de la deuxième vague qui commencent à débarquer à
partir de 07 h 00 subissent le même sort et les pertes humaines et en matériel
s'accumulent avec le temps qui passe.
Néanmoins
à partir de 08 h 00 et sous l'impulsion d'officiers débarqués,
de petits groupes vont s'organiser et partir à l'assaut des premiers points
d'appui. En dépit des nombreux morts, des pertes d'équipements et
de la désorganisation, les troupes d'assaut ne restèrent pas clouées
au sol mais furent encouragées, portées et inspirées par
quelques officiers et sous-officiers qui, bien souvent, en prirent la tête.
Ces premières pénétrations influencèrent le reste
de l'action du jour J sur Omaha Beach. La première condition d'amélioration
de la situation sur la plage était de faire avancer les véhicules
vers l'intérieur des terres. Cela fut possible après que les destroyers
et l'avance du 18th Infantry Regiment eurent balayé la resistance allemande
à la sortie E-1.
Dès le début d'après midi l'avance des véhicules put
commencer dans la vallée du Ruquet. Pour les autres vallées de sortie,
les efforts effectués pour les rendre praticables ne furent couronnés
de succès qu'en fin d'après midi.
Le LCI 553 accoste à Fox Green ( USA Signal Corps
)
La
fin de la journée : L'attaque
sur Omaha Beach avait réussi mais cela avait été beaucoup
plus difficile que prévu. En général, seul un commencement
de nettoyage et d'organisation sur les plages avait été effectué.
Les pénétrations effectuées le matin par des groupes relativement
faibles avaient manqué de puissance pour pouvoir s'enfoncer à l'intérieur
des terres. Une resistance ennemie acharnée avait réduit l'avance
à une bande de terre n'ayant pas plus de 2400 mètres dans la région
de Colleville. Derrière les positions US avancées, des groupes ennemis
continuaient à résister. Bien sûr aucun des objectifs
assignés à la 1st Infantry Division pour le 6 juin ne put être
atteint; ni la pénétration vers la nationale 13, ni la jonction
avec les troupes britanniques à Port en Bessin ou bien celle avec les Rangers
de la Pointe du Hoc.
Alors que la nuit
tombe et que le premier bilan peut être fait, il faut s'accorder que ce
débarquement est passé tout près du desastre. Seulement 100
tonnes de matériel ont pu être débarquées sur les 2400
prévues mais surtout les pertes humaines furent énormes. Sur les
34.000 hommes débarqués les Américains enregistraient environ
4.720 pertes sur cette bande de plage dont le nom allait devenir " Bloody
Omaha ".