Le terrain A-10 était situé
au carrefour des routes nationales 13 Paris Caen Cherbourg et 174 St Lô Cherbourg
juste avant Carentan à un lieu-dit que tous les normands connaissent sous le nom
de "La Fourchette". Ce nœud routier est de nos jours beaucoup moins connu puisqu'il
n'est plus qu'un échangeur entre ces deux grands axes de circulation.
A la mi-juin après 10 jours de combats, 320.000 hommes avaient débarqué sur
le Continent et plus de 100.000 tonnes de matériel y étaient déposées. Si les
objectifs principaux n'étaient pas atteints, du moins les têtes de pont étaient
solides et plusieurs villes d'importance moyenne étaient entre les mains des
alliés: Bayeux, Carentan, Isigny. Deux ports artificiels étaient en service
(dont un pour peu de temps) et quelques ports côtiers: Port en Bessin, Grandcamp,
Courseulles et d'autres plus petits mais non négligeables. Quelques aérodromes
avaient pu être construits et l'appui aérien pouvait être mené maintenant à
proximité immédiate du front.
C'est le 15 juin que le 826ème Bataillon du Génie de l'Air débuta les travaux
d'édification de ce nouvel aérodrome réservé aux chasseurs-bombardiers. Il était
conforme au cahier des charges prévu pour le type de terrain c'est à dire une
piste d'envol de 5000 pieds, soit 1500 mètres environ par 120 pieds, soit 35
mètres environ de large représentant la bande utilisée par les avions pour décoller
et atterrir mais qui devait réglementairement être bordée de part et d'autre
par une partie occasionnellement roulable de même largeur, ce qui faisait une
largeur totale de piste de plus de 100 mètres. Sur le bord sud de cette piste
orientée presque est-ouest (81°) était en outre aménagée une bande d'atterrissage
d'urgence pour avions en difficultés (crash strip).
Ce terrain fut officiellement ouvert à la circulation aérienne le 19 juin soit
4 jours après le début des travaux. Il était dévolu au 50th Fighter Group du
84th Fighter Wing du IX Tactical Command équipé de P-47 Thunderbolt dont le
313rd Squadron (code W3) arriva en élément précurseur le 24 juin. Les deux autres
squadrons du Group, à savoir le 10th (code T5) et le 81st (code 2N) s'y posent
le lendemain. Ils y resteront jusqu'au 16 août, date à laquelle ils le quitteront
pour Méautis à quelques dizaines de kilomètres. Si le 50th Fighter Group fut
le principal occupant du terrain, d'autres unités le fréquentèrent dont certaines
s'y établirent pour un temps. Ce fut le cas du 367th Fighter Group qui y basa
le 392nd Fighter Squadron (code H5) le 22 juillet. Il y restera jusqu'au 15
août où il partira à Cricqueville rejoindre les 2 autres Squadrons du Group.
Son activité, due à sa situation géographique (carrefour de routes importantes
et proximité immédiate de Carentan) fut intense et de nombreux avions de transport
le fréquentèrent également et ce n'est qu'au mois de novembre que les terrains
furent rendus à leurs propriétaires.
SOURCES
: USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History
of IX Engineer Command. Airfield statistics annex. General Herbert W. Ehrgott,
USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command
Le 50th FIGHTER GROUP
50th Fighter Group
10th Fighter Sq. code T5
81st
Fighter Sq. code 2N
313th Fighter
Sq. code W3
Le 50th Fighter Group était entièrement équipé
de Republic P-47 "Thunderbolt" qui ne portaient aucun signe distinctif de squadron
ou de Group durant la bataille de Normandie. Les marquages étaient donc ceux
en vigueur dans quasiment toutes les unités stationnées sur le sol normand.
La bande annulaire sur le capot moteur et les bandes portées sur les surfaces
verticales et horizontales de l'empennage étaient blanches sur les avions camouflés
et noires sur les avions métal naturel.
Le 392nd FIGHTER SQUADRON
367th
Fighter Group
392nd Fighter Sq. code
H5
Les
P-38 du 392nd squadron du 367th fighter Group ont porté un triangle noir sur
les surfaces verticales extérieures des empennages des avions métal naturel
et blanc sur les camouflés en signe de reconnaissance. La lettre individuelle
de l'avion était peinte en grande dimension sur les surfaces verticales intérieures.
La couleur de ce squadron avait le rouge en couleur distinctive et il semblerait
que le nez de l'avion soit peint de cette couleur et les casseroles d'hélice
parfois en noir. (The 9th Air Force in World War II - Kenn C.Rust - Aero publishers,
Fallbrook, Californie 1970). Le P-38 du Major
Robert "Buck" Rogers photographié peu de temps après son départ de Normandie
pour A-44 (Péray) porte bien cette décoration sur le nez mais les casseroles
ne sont pas peintes.
Hall of Fame, 50th
Fighter Group
Le 50th Fighter Group créé en 1942, arrivé en Grande-Bretagne le 5 avril 1944,
peu de temps avant le Débarquement, assumait auparavant un rôle formateur aux
USA puisqu'il était chargé - plus spécialement le 81st Fighter Squadron - de former
les cadres des autres unités aux techniques et tactiques de combat. Opérationnel
le 1er mai 1944, il arriva, sous les ordres du Col. William D. Greenfield, sur
A-10 le 25 juin soit 3 semaines après le Jour J. Toujours sur la brèche durant
la bataille de Normandie, il se distingua particulièrement à la fin de celle-ci,
le 30 août, pour la réduction de l'île de Cézembre au large de St Malo où la garnison
allemande continuait de résister malgré tout. Ce jour là l'île fit l'objet d'une
attaque conjointe terre, air, mer et le 50th fut chargé, dans ce dispositif, de
la couverture du cuirassé H.M.S. Warspite chargé de réduire les dernières défenses
de l'île qui, finalement, se rendit le 2 septembre.
Le
392nd squadron du 367th Fighter Group sur Lightning arriva sur A-10 marqué par
un drame qui l'avait frappé une semaine auparavant lors des combats pour la prise
de Cherbourg. Le 367th faisait partie d'un dispositif très important pour la 9th
A.F. comprenant 14 squadrons chargé de mitrailler et bombarder à basse altitude
les quelque 40 kilomètres du Nord Cotentin. Arrivant en dernière position il était
attendu par la flak et ce jour là le Group perdit 14 pilotes tués et 1 prisonnier.
Le Major R.C. Rogers commandant le 392nd ne revint qu'avec 7 avions intacts. Il
allait donc profiter de son séjour sur A-10 pour se refaire "une santé". On allait
reparler de lui mais plus tard, à une époque qui n'est pas dans le cadre de cette
étude.