La 9th U.S. Army Air Force en Normandie


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 A-20 - Lessay

Terrain d'aviation ancien puisqu'il existait en 1927 lorsque Charles Lindbergh lui avait rendu visite peu après sa traversée de l'Atlantique Nord avant de repartir pour les Etats-Unis. C'est en effet à peu près à cet endroit qu'il avait atteint les côtes françaises (un peu plus haut dans la presqu'île, le lieu exact est immortalisé par une plage portant le nom de Lindbergh Plage). Il fut occupé par la Luftwaffe durant l'Occupation et réduit en champ de bataille lors des combats pour la prise de la presqu'île et du port de Cherbourg. Ce n'était plus qu'un champ de mines et de cratères de bombes lors que les sapeurs du 830th EAB y pénétrèrent. De nos jours, il porte le nom de son légendaire visiteur.
C'est le 7 juillet que débarque sur Omaha le 925th Engineer Aviation Regiment dont fait partie le 830th Engineer Aviation Battalion chargé de remettre en état le terrain de Lessay, dévasté par les anciens occupants avant de s'en retirer. Pris sous un tir de barrage de l'artillerie navale à Carentan, le bataillon est obligé de s'abriter dans des vergers de pommiers et quelques blessés seront comptés dans leurs rangs. Ceux-ci seront évacués par avion à partir de l'emergency landing strip de Pouppeville. Quand ils arrivèrent enfin sur le terrain, tout n'était que cratères de bombes et ruines. La devise du bataillon qui était : «get the damn job done!» (Faites-moi ce satané boulot !) allait prendre là tout son sens. Remettre tout en état allait prendre du temps et ce n'est que le 1er août qu'allait débuter la construction du terrain proprement dit par le 830th EAB qui l’avait préalablement nettoyé renforcé par des éléments des 850th EAB et du 877th EAAB qui n’avait pas été utilisé pour les besoins des parachutistes. Il allait devenir opérationnel le 25 août et le restera jusqu'au 25 septembre. Que de travail pour un seul mois d'utilisation !
Ses 2 pistes croisées allaient accueillir les Marauders du 323rd Bomb Group.

CODE
& NO
NAME OF AIRDROME AND COORDINATES
RUNWAY
DEVELOPMENT
INITIAL
CONST
DATE
INITIAL
OPERA-TIONAL
DATE
DATE OF
RELEASE
BY USAAF
MONUMENT
No
LENGTH
WIDTH
SURFACE
GRID
AZ
ENG
CDT
Bookmark
A - 20
Lessay
T-199741 (LZ1)
2
6000
5000
120
PSP
67°
126°
830 EAB
Maj.
Philip B. Melody
1-8-44
25-8-44
28-9-44
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SOURCES : USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History of IX Engineer Command. Airfield statistics annex.
General Herbert W. Ehrgott, USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command

Le 323rd BOMBARDMENT GROUP (M) «The White Tailed Marauders»

 
 
323rd Bomb Group
453rd Bomb Sq.
code VT
454th Bomb Sq.
code RJ
455th Bomb Sq.
code YU
456th Bomb Sq.
code WT

Couleurs et marquages.

Contrairement aux bombardiers lourds de la 8th, les bombardiers moyens attachés à une Air Force tactique portaient strictement les bandes d'invasion bien visibles. Pour les Wings de la 9th Air Force les signes de Group, barres ou formes géométriques, étaient portés sur la queue des avions. Le signe distinctif du 323rd B.G. consistait en une bande horizontale ceinturant le haut des surfaces verticales de la queue. Cette bande blanche était surlignée de noir sur les avions non camouflés. Ce signe distinctif valut au 323rd Group le surnom de «queues blanches» («white Tails»).

Historique.

L’histoire du Group commence en Floride le 11 septembre 1942 quand le 21 Bomb Group donna un peu de ses forces pour donner naissance au 323ème groupe de bombardement moyen. Son personnel navigant ou non venait des horizons les plus diverses et malgré l’inexpérience de certains et l’esprit de corps à créer, le Group, sous la conduite du Lt. Col. Herbert E. Thatcher se prépara activement au combat durant 3 mois. L’inexpérience de certains instructeurs mêlée à l’activité intense qui régnait sur le terrain de Mac Dill engendra un taux de crashs supérieur à la normale et contribua à alimenter la légende peu flatteuse qui commençait à entourer la réputation du B-26 que les pilotes surnommaient volontiers «wingless Wonder» ( la merveille sans ailes). Ces allégations peu amènes diminuèrent cependant au fur et à mesure que le degré de technicité des équipages s’améliorait. Après plusieurs rumeurs faisant état d’un possible transfert outremer, et plusieurs déplacements aus USA, deux trains emmènent le Group le 25 avril 1943 pour le camp Kilmer dans le New Jersey. Puis c’est un «Queen Elizabeth» bondé qui les transporta dans des conditions loin d’être idéales en Grande-Bretagne. Un train les achemina à Horham dans le Sussex. C’était une ancienne base de la R.A.F. située à une courte distance du village. Les avions empruntèrent, pour les uns, la route de l’Atlantique sud et pour les autres la route nord. Quand tout le Group fut rassemblé, il reçut l'ordre de se diriger à Earls Colne, un autre petit village anglais. C’est de là que débutèrent les premiers entraînements en Europe et, en particulier, les vols à moyenne altitude de toute première importance.

La première mission opérationnelle du Group intervint le 16 juillet 1943 sur la gare d’Abbeville. Puis les missions s’enchaînèrent durant tout le mois de juillet dont quelques unes contre les aérodrmes occupés par la Luftwaffe dont St Omer et Poix. Puis contre des sites dont les pilotes ne savaient pas officiellement ce que c’était mais dont ils avaient une petite idée, ayant entendu parler de site de lancement d’une nouvelle arme secréte allemande. Ils allaient bientôt découvrir que c’était des rampes de lancement de V1.
Pour le moment ces objectifs étaient désignés sous le nom de SCT (Special Construction Target). La défense ennemie n’était pas inactive car depuis le début de leurs opérations, 64 B-26 avaient été endommagés et 2 perdus en combat aérien.
C’est en février 1944 que les premiers navigants terminèrent leur tour d’opérations fixé à 50, ce qui accréditait le souci de l’état-major qui s’apercevait que les aviateurs les plus aguerris se voyaient libérés avant le Débarquement.
L’hiver fut marqué par de nombreuses alertes sur le terrain qui fut attaqué 14 fois par la Luftwaffe.
Après le mois de mars, avec l’amélioration des conditions atmosphériques, la nature des objectifs changea. Désormais l’attaque du réseau ferré devint une priorité et en avril le Group fut astreint à une semaine d’entraînement au vol en formation.
Seuls les 4 leaders avaient à leur bord un bombardier et un navigateur . Tous les autres larguaient leurs bombes au signal du leader du box. De plus il y avait dans l’avion de tête du box, 2 radios : un pour les communications générales avec la base et l’autre pour les communications internes des mitrailleurs. Cela se compliqua quand les aides radars furent montées. L’avion du leader embarquait le pilote, le copilote, le bombardier, le navigateur, l’opérateur radariste, les 2 mitrailleurs radios, le mitrailleur armurier et le mécanicien navigant et parfois un opérateur photo. Soit autant d’hommes que dans un bombardier lourd.
En mai, les «queues blanches» portèrent leurs efforts sur les ponts. Huit ponts furent détruits dans le cadre de l’effort pour isoler le futur champ de bataille du reste de l’Europe en empêchant l’ennemi ou, pour le moins, en ralentissant ses envois de renforts.
C’est à 2h00 du matin que les équipages furent rassemblés dans la salle de briefing le 6 juin tandis que tout le personnel de la base de Horham s’affairait fiévreusement autour des avions, s’occupait des derniers préparatifs et finissait de peindre les curieuses zébrures sur les ailes et le fuselage des marauders qui allaient ouvrir la voie aux troupes lancées à l’assaut de la forteresse nazie.

Le Group allait mettre en l’air, au lieu des 36 habituels, 44 avions qui allaient décoller à 4h15 et se rassembler dans les premières lueurs de l’aube au-dessus de la Grande-Bretagne pour traverser la Manche en formation serrée au-dessus d’une incroyable armada. Arrivés au-dessus de la presqu’île du Cotentin, ils se séparèrent en 3 boxes chargés chacun d’un objectif différent. Les bombes furent larguées à 6h17, juste avant l’arrivée de la première vague d’assaut. Durant les jours qui suivirent le Group continua son travail contre tous les systèmes de communications. Mais dans la nuit du 16 au 17 juin, la menace des V1 devenait une réalité et les B-26 du Group durent s’occuper en priorité du bombardement des sites de lancement. C’est aussi à cette époque que fut mis au point le bombardement à la nuit tombée grâce à des fusées éclairantes larguées par des avions éclaireurs. Ceci permettait de faire la jonction avec les bombardements de nuit du Bomber Command de la RAF et de ne laisser aucun repos à l’ennemi 24 heures sur 24 si toutefois le temps le permettait, ce qui ne fut pas le cas en juillet.
Après avoir changé de base entre le 18 et 21 juillet pour Beaulieu dans le sud de l’Angleterre, le Group bombarda la région de Démouville au sud-est de Caen puis participa activement à la percée de St Lô, déterminante dans l’issue de la bataille de Normandie.
C’est en août qu’un changement radical allait intervenir dans la vie du 323rd Bomber Group. Bien que l’ordre de faire mouvement sur la France fut donné dans la 1ère semaine, ce n’est pas avant le 15 que l’ordre put être exécuté. L’échelon avancé arriva à Lessay le 18 et le group y était entièrement posé le 31 alors que la bataille de Normandie était terminée. Le choix de baser un Group à cet endroit qui fut un champ de bataille acharnée entre américains et allemands fut contesté car, bien que déminé, il restait encore çà et là des mines et obus qui occasionnèrent des accidents dont un qui fut fatal. Les conditions climatiques s’étant nettement améliorées en cette fin d’été en Europe du Nord-ouest, les conditions de vie sur ce terrain furent particulièrement pénibles, les mouches et les guêpes empêchant les hommes de manger normalement.
Dès leur arrivée sur les pistes en PSP, les B-26 eurent à s’occuper durant 8 jours, conjointement avec les autres Groups de bombardiers moyens, mais aussi des lourds, des poches de résistance de Bretagne.
Mais du côté de l’Est, la ligne de front avait considérablement avancé et les bombardements se passaient maintenant le long de la Ligne Siegfried en Allemagne. Il devenait donc de plus en plus urgent de trouver une nouvelle base plus proche des objectifs à traiter et c’est ainsi qu’entre le 14 et le 21 septembre, le Group déménagea à Chartres, terrain, lui aussi, entièrement dévasté.

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