Le 23 juin un échelon précurseur du 819th EAB quitte A-7 dont
la construction se poursuit pour se rendre sur le site prévu à
Cretteville en vue de l’édification d’A-14 à 15 km
au sud de Fontenay. Il commence alors les travaux de piquetage et de déblaiement
en attendant les renforts d’une partie du bataillon qui arrive le lendemain.
Les hommes du Colonel Mc Crory, tout auréolés du prestige d’avoir
été le 1er bataillon du génie de l’air à avoir
débarqué le jour même du D-Day pour y construire l’ELS
de Pouppeville sous le feu ennemi, s’apprêtent à entamer
leur 4ème chantier après celui de Pouppeville puis A-6 et en même
temps que A-7. Tous ces chantiers s’inscrivent dans la presqu’île
du Cotentin à quelques kilomètres les uns des autres ce qui facilite
grandement la mobilité des différentes compagnies d’un chantier
à l’autre. Si, comme pour A-7, le terrain qu’ils auront à
construire n’est prévu que pour une longueur de 3600 pieds (1 097
mètres), il sera prolongé, cette fois, par une partie en terre
battue de 1400 pieds (425 mètres), et ils vont maintenant utiliser le
matériel de pose du fameux revêtement bitumineux Hessian Mat combiné
au PSP et au SMT.
Le 4 juillet, soit 2 jours après A-7,
le terrain est déclaré opérationnel pour le 358th Fighter
Group et les hommes du 819th EAB, ne le quitteront définitivement qu’à
la fin du mois pour aller en construire un 5ème, à la limite de
la Normandie et de la Bretagne à Pontorson dans la baie du Mont St Michel.
Ce terrain, dont la construction débutera le 7 août, prendra le
numéro 28, un des 3 derniers terrains américains construits en
Normandie.
Pour tous ses travaux depuis le 1er jour du Débarquement, le 819 recevra
une Presidential Unit Citation
SOURCES
: USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History
of IX Engineer Command. Airfield statistics annex. General Herbert W. Ehrgott,
USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command
Arrivée des P 47 du 358th Fighter Group sur A –14.
Lorsque le 358th Fighter group s’installa
à Cretteville les 3 et 4 juillet, la bataille de Normandie faisait rage
et le sort des armes n’était pas encore décidé. Conformément
aux directives de Montgomery du 30 juin, les américains se préparaient
aux opérations contre la 7ème Armée allemande sans les
secteurs sud est et ouest de Carentan en vue d’établir une ligne
de front de Saint Lô à Périers qui pourrait servir de ligne
de départ pour une offensive vers Coutances et Avranches. L’obstacle
principal à toute avance dans ce secteur était le terrain très
inhospitalier : un vaste marais, les prairies marécageuses de Gorges
et les multiples canaux de drainage situés de part et d’autre de
la rivière Taute divisaient le front en de multiples petits secteurs
où les petits champs entourés de hautes haies plantées
sur de hauts et larges talus se prêtaient admirablement au combat défensif.
Ce paysage représentait exactement l’inverse de ce qu’il
fallait aux forces armées américaines, fortement mécanisées,
pour une avance rapide. Elles ne pouvaient développer leur pleine puissance
dans cette campagne où chaque mètre, chaque champ et chaque village
était le siège d’une bataille jusqu’à ce qu’un
terrain plus découvert puisse permettre un mouvement plus rapide.
Le terrain conquis pour y établir A-14 était sur un plateau dominant
les marais de la Douve sur le domaine qui fut autrefois celui de la famille
de Francquetot de Coigny qui fournit à la France sous l’Ancien
Régime, le 1er Empire et la Restauration des maréchaux et des
militaires de haut rang. Le château de la famille bordait la piste construite
pour les Thunderbolt et la vaste et splendide demeure, toujours existante au
XXIème siècle, servit de logement aux officiers des Groups de
chasse qui résidèrent, outre le 358th du 3 juillet au 14 août,
il y eut également les Lightnings du 393rd Squadron du 367th Fighter
Group du 27 juillet au 14 août et les Thunderbolts du 406th du 17 août
au 4 septembre.
Le 358th FIGHTER GROUP
358th Fighter Group
365th Fighter Sq.
code CH
366th Fighter Sq.
code IA
367th Fighter Sq.
code CP
Historique
Le 358th Fighter Group très connu
sous son surnom d’ «Orange tails» parce que tous ses avions
avaient l’empennage complet peints en orange à la fin de la guerre
ne portait pas ce sobriquet durant la bataille de Normandie. Bien au contraire,
la peinture recouvrant les P-47 était des plus discrète puisque
pas même les capots n’étaient revêtus de la bande réglementaire
blanche ou noire à l’avant. ce sont donc des avions entièrement
kaki ou métal naturel zébrés tout de même des bandes
blanches et noires typiques des opérations du Débarquement qui
se posèrent sur le terrain de Cretteville au début du mois de
juillet 1944 en provenance d’High Halden en Grande-Bretagne où
ils séjournaient depuis le 13 avril. Le Group avait été
formé le 20 décembre 1942 et mis en activité le 1er janvier
43 sur P-47 puis envoyé en Angleterre en septembre - octobre de la même
année. Il entra en opérations le 20 décembre au sein de
la 8th Air Force pour couvrir les raids stratégiques des bombardiers
sur l’Allemagne ou les centres industriels des pays occupés. C’est
en avril 44 qu’il fut transféré, comme la plupart des groups
de la 8th vers la 9th. Commencèrent alors les missions dévolues
à l’aviation tactique en vue des opérations du Débarquement.
Les 6 et 7 juin, le Group se vit affecté à la protection des convois
de C-47 au-dessus du Cotentin. Par la suite il reprit ses missions de destruction
des voies de communication.
Les 3 squadrons composant le Group portaient, pour les identifier, des immatriculations
composées de 2 lettres, CH pour le 365th Fighter Squadron, IA pour le
366th et CP pour le 367th. C’était assez inhabituel pour la 9th
Air Force qui combinait plutôt une lettre et un chiffre. Il est fort possible
que ces immatriculations plus conformes à la façon de faire de
la 8th étaient dues à son appartenance première à
celle-ci.
Dès le 5 juillet, le Group, bénéficiant
d’un temps plus clément, est envoyé en appui direct et constant
des troupes au sol qui s’étaient lancées dans une attaque
d’envergure dans la région de Sainteny – Périers.
Des combats très durs sur un terrain très bien tenu par l’ennemi
renforcé par l’arrivée de la 2ème Panzer SS sans
la région de Périers rendirent la progression assez lente. En
ce qui concerne l’aviation le système de travail de coopération
avec les troupes au sol devient de plus en plus efficace malgré une flak
très agressive à l’origine de beaucoup de pertes.
Durant
leur séjour à Cretteville les P-47 du 358th côtoyèrent
les P-38 Lightnings du 393rd Squadron du 367th Fighter Group arrivés
sur le terrain le 27 juillet et qui le quitteront le 15 août à
l’arrivée des Thunderbolts du 406th Fighter Group.
Tous ces mouvements de la fin juillet à la fin août s’expliquaient
par le fait que la percée de Patton après les succès obtenus
à St Lô puis à Avranches permettaient le redéploiement
du XIX TAC de Weyland et la réorganisation des 2 TAC selon les secteurs
qu’ils auraient à couvrir.
Le 393rd Squadron était la composante d’un Group éclaté
sur plusieurs terrains durant presque toute la campagne de Normandie et qui
ne retrouvera son unité que le 15 août sur A-2
Ce squadron codé 8L n’avait pas d’insigne de tradition connu
et le Group non plus. Sa couleur distinctive était le bleu et le symbole
géométrique sur les dérives extérieures était
un rond, noir sur les avions sans camouflage et blanc sur le vert olive.
Lockheed P-38J-25 « Scrapiron » (ferraille) du
Captain Lawrence E.Blumer commandant le 393rd squadron.
Blumer réussit l’exploit de devenir un as une seule mission en
abattant 5 Fw 190 de la nouvelle JG 6 le 25 août dans un combat.
L’avion était alors basé sur A-2. Le tableau des symboles
est celui de la fin de la guerre.
Durant leur départ progressif à
la mi août, ils furent remplacés par les P-47 du 406th Fighter
Group qui n’auraient pas dû être basés sur A-14 mais
sur A-20 à Lessay. C’est l’état lamentable dans lequel
se trouvait ce terrain (ex Luftwaffe) qui obligea l’état major
du XIX TAC à modifier ses plans.
Arrivée du 406th Fighter Group sur
A–14.
Avec la ruée de la TUSA à travers
la Bretagne, le XIX TAC et plus particulièrement le 303rd Wing devait
se séparer du IX TAC qui continuait son travail sur la côte entre
Caen et Omaha en support de la FUSA. En effet, des encombrements aériens
et des conflits de trajectoire entre des formations obligées de se croiser
au-dessus de terrains très proches les uns des autres amena le commandement
à envoyer les unités sous la responsabilité du Général
Weyland plus à l’est du Cotentin pour éviter les croisements
de route entre les avions n’ayant pas les mêmes objectifs. Cet imbroglio
dans la circulation aérienne entraînait des méprises aux
conséquences parfois dramatiques et des retards au sol dans l’approvisionnement
des groups. Il fut donc décidé d’envoyer le 406th sur le
terrain de Lessay (A-20) qui comportait, lui aussi 2 pistes. Seulement, quand
les premiers éléments de reconnaissance arrivèrent sur
le terrain, ce fut pour constater que le plus grand désordre y régnait.
Contrairement aux autres ALG, Lessay était un ancien aérodrome
allemand qui avait été profondément miné et saboté
après le départ des occupants des lieux.
P-47 D « Itsie Bitsie » du 2nd Lt Leo J.Didas, ancien HV-C «
Hollywood High Hatter » du 56th Fighter
Group 61st fighter Squadron de la 8th Air Force. Cet avion sera perdu et son
pilote tué le 2 janvier 1945
lors d’une mission de largage de napalm au NE de Bastogne. L’avant
du capot était alors peint en jaune.
Il était impossible de remettre tout
en état en si peu de temps et l’ordre d’y faire mouvement
pour le Group fut annulé. Après quelques hésitations durant
2 jours, ordre fut finalement donné de regrouper tout le monde sur A-14,
l’ancienne base du 358th Fighter Group depuis le 3 juillet qu’il
avait quitté pour Pontorson le 14 août. L’installation fut
terminée le 17 août. La vie sur ce terrain s’avéra
des plus agréables. La salle d’opération était nichée
sous les grands arbres du parc du château de Franquetot et les 3 squadrons
étaient parqués à proximité, de l’autre côté
des douves qu’on pouvait traverser à pied sec.
Le château était assez vaste pour loger tous les officiers et les
quartiers pour les compagnies de service furent montés dans la cour d’honneur.
Il faisait beau, il n’y avait pas de poussière et assez de place
pour y établir commodités, bar et club des officiers qui rendirent
la vie plus facile que sur A-13 et laissa un excellent souvenir dans la mémoire
du Group. Le contact avec la population civile fut des plus agréables.
Au mois d’août, les missions dévolues au 406th fighter Group
étaient caractéristiques de l’emploi de la puissance aérienne
au profit de l’exploitation de la percée d’Avranches. Bombardements
de Brest et de Saint-Malo. Bouclage de la poche de Falaise et missions tentant
à empêcher le franchissement de la Seine par les troupes allemandes
en retraite, tout en supportant continuellement la progression de la 3ème
Armée US vers le Mans
C’était l’époque de la curée durant laquelle
la Luftwaffe effectuait sporadiquement des actions désespérées
pour tenter de desserrer l’étau qui se refermait inexorablement
sur les forces allemandes à l’ouest. Le 19 août fut à
cet égard, pour le Group tout entier et le 513rd Squadron en particulier
, une bien triste journée. Alors qu’une mission sur Mantes-Gassicourt
afin de détruire des péniches sur la Seine venait de se terminer
avec succès (5 péniches détruites et plusieurs autres endommagées),
et alors que les avions juste en essence et en munitions s’apprêtaient
à rentrer surgirent, à une quizaine de kms au nord-est de Paris,
2 puis 4 et enfin 9 Messerschmitt 109. Menant leurs attaques habilement, échelonnés
à plusieurs niveaux de vol, ils ne tardèrent pas à enregistrer
plusieurs succès. Le Major Shurlds, détenteur de la DFC, de l’Air
Medal avec 12 feuilles de chêne, un des plus grand destructeur de chars
et titulaire de 2 victoires aériennes fut abattu. Le Lt Robert O’Neill
abattu après avoir remporté une victoire fut porté disparu
mais il revint au Group le 11 septembre avec une histoire intéressante
à raconter. Durant 11 jours, il fut caché dans une famille française
et, malgré cela, il réussit à capturer 2 allemands égarés.
Le 4 septembre le Group se posait sur A-36 à St Léonard près
du Mans