Le 2 juillet, le 833rd Engineer Aviation Battalion du Lt Col. Galt reçut
son affectation au 926th Engineer Aviation Regiment dont l’état-major
était établi près de Chef du Pont dans la Manche. La plus
grande partie du bataillon avait débarqué le 30 juin à
Omaha tandis qu’un élément léger motorisé
débarquait dans le même temps à Utah Beach. Tout le bataillon
se rassembla près de Chef du Pont.
Le 3 juillet, la Compagnie C reçut la responsabilité de l’entretien
de la piste en SMT de A-6 à Beuzeville ainsi que des 75 emplacements
pour avion. Ils avaient également pour mission d’en construire
10 supplémentaires ainsi qu’une voie d’accès et d’installer
2 cuves d’essence de 4000 litres.
Le même jour, la Compagnie B fut chargée de la maintenance de A-7
à Fontenay/Azeville ainsi que d’établir une gravière
destinée à fournir les graviers pour boucher les fossés
afin d’essayer de porter peu à peu la piste aux nouvelles dimensions
pour chasseurs-bombardiers. Le 12 juillet, alors que tous les bataillons du
922nd E.A.R. étaient occupés par ailleurs, le 833rd du 926th regiment
fut envoyé à Tour en Bessin dans le Calvados pour y construire
le premier terrain pour bombardiers moyens qui allait prendre le nom de A-13.
Ce terrain devrait être constitué de 2 pistes de 1525 m par 40
entièrement recouvertes de PSP (plaques d’acier percées),
d’un réseau de taxiways et de routes d’accès ainsi
que d’emplacements en SMT pour y parquer 75 avions. A l’exception
d’un peloton de la compagnie B et de 2 pelotons de la compagnie C retenus
respectivement sur A-7 et A-6, tout le bataillon se consacra à la construction
de ce nouveau terrain. Le travail fut accompli en 16 jours.
Le 26 juillet le bataillon recevra l’aide du 846th E.A.B. du Major W.J.
Battisson débarqué le 16 juillet.
A la date prévue au départ pour sa mise en service, le 28 juillet,
les pistes, les aires de rassemblement, les taxiways, les aires de stationnement
ainsi que l’installation de 2 réservoirs de 4000 litres pour l’essence
et l’eau étaient terminés dans le périmètre
réquisitionné pour le terrain équipé d’un
réseau électrique minimum pour les communications et l’éclairage
du camp.
A-13 était le premier aérodrome à 2 pistes entièrement
construit en France par l’Armée des Etats-Unis et le premier à
avoir ses pistes entièrement revêtues de PSP. C’était
également le premier dont l’emplacement avait été
décidé uniquement à la suite de reconnaissances aériennes.
Mais la grande fierté du Bataillon était de l’avoir construit
malgré l’avis défavorable des britanniques qui avaient déclaré
qu’il était impossible de construire des pistes d’envol à
cet endroit, extrême limite du secteur américain, la rivière
Drôme bordant les installations marquant la limite entre les 2 secteurs.
Des tentes étaient dressées pour le cantonnement et pour l’intendance
et un dépôt de matériel et de munitions furent créés
le long de l’actuelle départementale 100, route d’accès
élargie ouverte en utilisant le tracé du réseau préexistant.
Le travail effectué le bataillon fit mouvement sur Bolleville pour la
construction du terrain A-25 C.
Du
19 juillet au 19 août, A-13 fut le terrain des P-47 du 373rd Fighter Group
qu’ils partagèrent à partir du 5 août avec ceux du
406th F.G Quand, dans le cadre du redéploiement du XIX Tactical Air Command
couvrant l’avancée de la TUSA, les 2 groupes de chasse appartenant
au 303rd Wing quittèrent le terrain, ils furent remplacés par
les Martin B-26 Marauders du 394th Bombardment Group. Ces bombardiers moyens
y demeurèrent jusqu’au 18 septembre soit un mois d’occupation
des installations.
Une fois les avions partis, les installations furent utilisées comme
dépôt de ravitaillement et terrain d’évacuation sanitaire
jusqu’au 2 décembre où il fut rendu aux autorités
françaises.
Aujourd’hui l’emprise des pistes est encore visible lorsqu’on
parcourt les champs et qu’on se rend compte du manque de déclivité
naturelle de certains d’entre eux par rapport à la pente naturelle
du terrain. De plus lorsque qu’on se met dos au monument érigé
au bord de l’ancienne nationale 13, on peut se rendre compte de son orientation
en observant la rupture de continuité dans l’entrelacs de haies
recouvrant l’endroit.
SOURCES : USAF Historical Division Air University Department
of the Air Force. The History of IX Engineer Command. Airfield statistics annex.
General Herbert W. Ehrgott, USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command.
Le 373rd FIGHTER GROUP
373rd Fighter Group
410th Fighter Sq.
code R3
411th Fighter Sq.
code U9
412th Fighter Sq.
code V5
Les P-47 du 373rd Fighter Group ne portaient
pas de signe particulier, blason et couleur, distinctif correspondant à
chaque squadron.. Les bandes de reconnaissance officielles n’étaient
pas non plus systématiquement portées et certains avions du Group
parmi ceux camouflés ne revêtaient pas la bande annulaire blanche
à l’avant du capot-moteur. Il semblerait que certains étaient
ornés d’une pointe rouge au sommet de la dérive. Il ne nous
a pas été possible de vérifier s’il s’agissait
d’une décoration personnelle ou d’un signe distinctif des
Flights à l’intérieur des Squadrons. Les avions non peints
portaient, quant eux, l’anneau noir réglementaire à l’avant
du capot. Le blason du Group était pour sa part, tout à fait officiel
et fut même porté à la fin de la guerre sur l’avion
de son commandant.
Le 373rd Fighter Group a été
créé le 25 mai 1943. Envoyé en Angleterre en mars-avril
44, il est affecté, au cours de la première semaine d’avril,
directement au 303rd Wing du XIX Tactical Air Command de la 9th Air Force. Ses
quelque 70 chasseurs prennent alors leurs quartiers à Woodchurch. Le
8 mai 44, il effectue sa première mission, un sweep au-dessus de la Normandie.
Ensuite il prendra part aux activités préparant le Débarquement
en escortant les B-26 qui pilonnaient les infrastructures routières et
aériennes en France alternant missions d’escorte et missions de
bombardement en piqués afin d’acquérir de l’expérience.
Le 6 juin, le Group était affecté à la couverture des plages
et les jours qui suivirent à celle du front par des mitraillages à
basse altitude.
Durant leur séjour en Angleterre, les pilotes du Colonel William H.Schwartz
furent crédités de 30 victoires aériennes pour 15 pertes.
Le 19 juillet le Group était transféré sur A 13, il y sera
au complet à la fin du mois. A partir de là, sa tâche essentielle
fut d’empêcher les renforts ennemis d’arriver dans la région
de St Lô où les troupes au sol avaient rompu le front le 25 juillet.
Ils ne cessèrent de harceler l’ennemi jusque dans la poche de Falaise-Argentan-Trun-Chambois.
Le 19 août, il est transféré à St James, non loin
d’Avranches, sur A-29, terrain plus proche de la 3ème Armée
à laquelle il est rattaché.
Le 19 septembre, il quitte définitivement la Normandie pour A-62D à
Reims.
Durant sa période normande, il aura reçu sa première décoration
: la Croix de Guerre française avec palme.
Le 406th FIGHTER GROUP «The Raider Group»
406th Fighter Group
512th Fighter Sq.
code L3
513th Fighter Sq.
code 4P
514th Fighter Sq.
code O7
A l’origine du Group en Angleterre,
il était prévu de peindre l’avant du capot moteur sur une
largeur de 18 pouces (45 cm) suivant les couleurs du squadron d’appartenance
: jaune pour le 512th, rouge pour le 513rd et bleu pour le 514th. Il apparaît
que seul ce dernier squadron l’ait fait avant de Jour J. Plus tard en
1944, tous les capots furent peints dans les couleurs de leur squadron d’appartenance.
et quelques avions voyaient un sur deux de leurs volets de capots ainsi que
le cabochon d’hélice également revêtus de cette couleur.
A la fin de la guerre, les couleurs des squadrons furent même prolongées
sur les flancs de fuselage en 2 élégantes arabesques, tandis que
les dérives caudales furent ornées horizontalement des trois couleurs
des squadrons en leur pointe supérieure au-dessus de la bande noire traditionnelle.
Cela donnait aux avions du Group un aspect chatoyant qui n’était
pas de mise à l’été 44 surtout pour des avions appelés
à voler à basse altitude et parqués sur des terrains souvent
situés sous les yeux de l’ennemi.
Un pilote du Group rapporte dans ses mémoires que le colonel
Grossetta, sans doute grisé par les succès remportés,
s’était mis en tête, un peu après avoir quitté
la Normandie, de faire peindre la queue de son avion en rouge vif. Lors du mitraillage
d’un aérodrome quelques jours plus tard, il eut la désagréable
sensation qu’il attirait sur lui tous les tirs de la Flak. De retour à
la base, il s’empressa de dire à ses mécanos de remettre
l’avion dans son état «normal». Et ce pilote, un peu
moqueur, ajouta que si les avions de la 8th Air Force pouvaient se permettre
de se «balader» par paquets de 70 à haute altitude, avec
des nez à damiers sur toute leur surface, dans des conditions où
les couleurs importaient peu et avaient même intérêt à
être bien visibles aux yeux des mitrailleurs des bombardiers, il en était
autrement pour la 9th dont le boulot (job) était radicalement différent.
Créé en tant que Group de bombardement
(en piqué) le 4 février 1943, il fut requalifié sous le
nom de 406th Fighter Group en Mai 1944. Les pilotes, venant de différents
horizons et surtout d’Afrique du Nord reçurent leurs P 47 le 1er
décembre 1943. Après quelques mois d’entraînement,
ils rejoignirent l’Europe à Ashford dans le Kent. Déclaré
opérationnel le 8 mai 1944, le Group accomplit sa première mission
au sein de la 9th Air Force le lendemain au dessus de la Normandie, Chasse,
escorte de bombardiers et bombardements en piqué ne cessèrent
de se succéder journellement jusqu’au Jour J où il fut affecté
à la couverture des opérations sur Utah Beach.
Quatre missions par jour étaient assurées par chaque squadron
du Group dont les avions se relayaient pour être constamment au-dessus
des plages. La couverture de la plage d’Utah se déroula sans histoires.
Après la première semaine, le Group effectua des reconnaissances
armées, bombardements en piqués sur des objectifs variés
tels les véhicules de transport, les emplacements d’artillerie,
les dépôts de munitions, les voies ferrées, les gares de
triage et les ponts. Ce fut son travail durant toute la Campagne de Normandie.
La première opération tactique d’envergure que le Group
eut à mener fut sur les points de résistance de Cherbourg en Juillet.
Les résultats furent bons malgré la perte de 5 avions et de 3
pilotes.
Premier et seul Group à recevoir des
roquettes HVAR.
C’est également en juillet que le 513rd squadron reçut
une arme nouvelle pour l’USAAF sur le front Nord-Ouest : la roquette Holy
Moses de 5 pouces (12.7cm) HVAR (High Velocity Aerial Rocket). A l’origine
ce matériel lui avait été fourni – environ 2 000
et 50 kits de lancement – pour lutter contre les sites de lancement de
V2 mais cet objectif fut abandonné, si bien que le squadron les utilisa
en France principalement dans le secteur de St Lô dès le 15 juillet.
Ce type de roquette à haute vélocité fut qualifié
de «meilleure arme antichar de la guerre» par les services techniques
de l’Air Service Command et pourtant, elle ne fut que peu utilisée
en Europe, la roquette M8 de 4,5 pouces (11,43cm) lancée à partir
de tubes de 3,5 m groupés par 3 sous chaque aile lui étant préférée
et largement utilisée. C’est pourtant grâce à la roquette
Holy Moses que les excellents résultats du squadron furent obtenus
Le 7 septembre, une attaque menée avec ces armes sur une colonne allemande
amena le Général Elster à se rendre avec plus de 20 000
hommes ! Cela valut au 406th Fighter Group une Presidential Unit Citation.
Les deux Groups qui s’étaient installés sur A-13, le 406th
à l’est des installations et le 373rd de l’autre côté
du terrain passèrent sous contrôle du XIX TAC à la mi-août.
Ils quittèrent Tour en Bessin à quelques jours d’intervalle,
Le 406th d’abord qui fit mouvement sur Cretteville A-14 le 17 août
et le 373rd pour St James (A-29) deux jours plus tard. Les P-47 allaient être
remplacés par des bombardiers moyens bimoteurs Martin B-26 Marauder.
Les premiers avions de ce type à être basés en Normandie.
Contrairement aux britanniques qui ne l’ont
jamais fait, les américains ont très vite aménagé
des installations pour accueillir et baser leurs «medium bombers»
sur le Continent. Le Bomber Command ne dépendait pas des Tactical Air
Command et avait son propre chef le Major General Anderson
qui commandait 3 Wings : les 97th, 98th et 99th, qui comprenaient chacun 4 Groups
sauf le 97th qui n’en comptait que 3.
Seul, le 98th Combat Wing fut basé en Normandie.
Le 394th BOMBARDMENT GROUP «Bridge
Busters»
394th Bombardment Group
584th Bomb Sq.
code K5
585th Bomb Sq.
code 4T
586th Bomb Sq.
code H9
587th Bomb Sq.
code 5W
Contrairement
aux bombardiers lourds de la 8th, les bombardiers moyens attachés à
une Air Force tactique portaient strictement les bandes d’invasion bien
visibles. Pour les Wings de la 9th Air Force les signes de Group, barres ou
formes géométriques, étaient portés sur la queue
des avions. Le signe distinctif du 394th B.G. était une barre oblique
blanche – surlignée de noir sur les avions non camouflés
- partant de la base du bord d’attaque de la dérive verticale jusqu’au
sommet de la partie droite du bord de fuite du gouvernail de direction. Sur
les avions non camouflés les bandes noires et blanches, les peintures
employées «washable» n’avaient pas une adhérence
parfaite sur l’aluminium et le blanc n’était pas très
visible, c’est pourquoi, préalablement à la peinture de
ces bandes, souvent, la partie de l’avion où elles devaient être
posées était peinte en olive drab sur une surface un peu plus
large pour en surligner les contours d’une part, et pour en améliorer
l’adhérence d’autre part. Cette façon de procéder
donne l’impression sur les photos en noir et blanc que ces avions portent
quatre bandes noires, ce qui n’est pas le cas. Les avions du Group avaient,
en Normandie, 3 aspects différents. Le premier, classique pour les avions
les plus anciens, est fait de vert olive (olive drab) sur les surfaces supérieures
et les flancs de fuselage et gris neutre (neutral grey) sur les surfaces supérieures,
parfois «agrémentées» de raccords en medium green
anglais afin de casser les contours et par cette pratique, d’améliorer
le camouflage. C’était aussi une pratique employée dans
les dépôts établis en Angleterre pour masquer les réparations.
A partir de fin 1943, les avions commencèrent à être livrés
sans peinture (natural metal). La troisième consista à peindre
uniquement les parties supérieures et simplement une petite partie des
flancs, souvent en medium green anglais, la brillance des avions non peints
s’accommodant fort peu avec la discrétion que devaient montrer
les avions alliés sur les terrains avancés en Normandie devant
un ennemi encore bien «mordant».
Créé le 15 février 1943, le 394th Bombardment Group (medium)
fut activé le 5 mars sur Martin B-26 Marauder puis envoyé en Angleterre
en février-mars 1944 directement dans la 9th Air Force tactique. En mars
1944, ses avions entrèrent dans les combats préparatifs au Débarquement
en bombardant sites V1, gares de triage, ponts, aérodromes, emplacements
d’artillerie et tous objectifs susceptibles de servir l’ennemi.
Le 6 juin, il bombarda les installations de défense de Cherbourg puis,
ensuite, tous les objectifs qui lui furent assignés dans le cadre de
la Bataille de Normandie. Le 25 juillet, il participa à la bataille de
Saint-Lô. Du 7 au 9 août, il se distingua par un bombardement particulièrement
efficace d’objectifs particulièrement fortifiés dans le
Nord de la France.
Le 25 août, le 394th Group se posa sur A-13 venant de Holmsley dans le
Hampshire. Il y restera jusqu’au 18 septembre, date à laquelle
il partira à Orléans-Bricy (A-50). A partir de la Normandie, le
Group participa aux bombardements des points de résistance en Bretagne
et à Brest en particulier puis commença à opérer
sur l’Allemagne en larguant, notamment des tracts (leaflets), destinés
à affaiblir le moral de l’ennemi.
Décorations obtenues :
Distinguished Unit Citation pour les opérations du 7 au 9août 1944
Croix de Guerre Française avec palme pour son rôle joué
dans la Libération de la France du 6 juin au 14 septembre 1944.