La décision d'ouvrir un terrain qui serait
en même temps "Air Depot", c'est à dire magasin de pièces détachées, atelier
de réparations lourdes, de maintenance et de ravitaillement en tous genres situé
à la jonction entre les secteurs US et anglo-canadien n'a sûrement pas été pris
à la légère. En tout état de cause le choix de son emplacement et des unités
qui y furent basées apparaît aux yeux des observateurs et historiens de la Bataille
de Normandie comme un choix particulièrement judicieux.
C’est le 19 juin, une fois la région bien sécurisée (libérée depuis le 10) que les «Dozer Devils» du 834th E.A.B du Lt.Col. Livingstone, ceux-là même qui avaient construit le premier terrain avancé sur le Continent au dessus d’Omaha, commencent les travaux au nord du Molay-Littry, non loin de Bayeux, en bordure d’une zone marécageuse entre les rivières Tortonne et Siette, au pied d’un promontoire que le Général Montgomery, chef des opérations terrestres alliées, avait choisi pour y établir son PC à quelques centaines de mètres du site : «endroit remarquable, disait-il en bon chrétien qu’il était, car d’ici j’embrasse un paysage où je ne vois pas moins de 7 clochers». Un emplacement V.I.P. ayant un revêtement en PSP était d’ailleurs réservé à son avion de transport personnel, un C-47 américain mais portant l’insigne du 21ème Groupe d’Armées. La proximité de son PC avec ceux des généraux américains et surtout celui d’Eisenhower, allait « faciliter » un dialogue, parfois difficile, entre eux. Les plus hautes personnalités du moment fréquentèrent cette région, au demeurant fort agréable et relativement épargnée dans son ensemble.
Cet ALG dont la désignation première était A-9 devint A-9D quand il fut décidé de l’équiper pour en faire un Air depot, siège du 16th Air Depot Group de la 2nd Advanced Air Depot Area (AADA). «C’était un mélange de super-marché, de magasin de stockage, d’atelier de réparations de tout, même de canons, de compagnie de transport aérien (le 31st Transport Group), de service d’ambulances, et de bureau de placement…» nous dit Kenn C. Rust «Ils avaient même la responsabilité des baraquements et des carburants ainsi que de la récupération des avions endommagés et de l’entretien des avions de liaison».
* D pour depot (terrain équipé pour
le magasinage et la distribution)
SOURCES
: USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History
of IX Engineer Command. Airfield statistics annex. General Herbert W. Ehrgott,
USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command
L'Air Service Command
et l'Air Depot.
Le système de maintenance et d’approvisionnement américain
était de la responsabilité de l’Air Service Command, gigantesque
administration militaire directement en contact avec les entreprises ayant un
marché avec l’Armée en amont, mais également à
l’écoute des besoins et des doléances des unités
combattantes en aval. Pour se faire son organisation était calquée
sur celle de n’importe quel Command à l’intérieur
même de l’organigramme d’une armée en campagne. C’est
ainsi que pour la 9th Air Force, le Brigadier General Wood disposait de 6 Tactical
Air Depots (niveau du Group) répartis en 2 AADA (Advanced Air Depot Area)(niveau
du Wing). Ces Tactical Air Depots étaient eux-mêmes scindés
en Air Depot Groups (niveau du squadron). Le 16th ADG était le premier
à être installé sur le Continent, les autres unités
du Colonel W.E. Steel ne venant que peu à peu en France au fur et à
mesure du stationnement des unités. Il ne semble pas qu’en Normandie,
il y en eut d’autres, les archives des unités ne le mentionnant
pas.
Un Air Depot est non seulement un vaste magasin de pièces détachées,
mais également un atelier pour réparations lourdes ou révisions
périodiques. Les règlements l’obligent à avoir sans
cesse un mois de matériel d’avance. Quand une unité demande
une pièce, elle doit lui être fournie aussitôt et l’ASC
se charge de réapprovisionner l’Air Depot en acheminant le matériel
par tout moyen à sa convenance. Pour les livraisons par air, l’ASC
est habilitée à prélever des avions auprès de l’Air
Troop Carrier Command. Cependant, dans la 9th Air Force, comme nous l’avons
déjà vu, l’Air Service Command avait créé
sa propre « ligne aérienne », le 31st Transport Group qui
fonctionna pendant toute la Campagne de Normandie.
Si l’Air Depot était chargé
et se devait de maintenir ses stocks de façon à n’être
jamais en rupture, il devait également stocker tout matériel versé
par les unités et, dans le cas d’une armée en campagne,
il devait être capable de se déplacer rapidement et suivre le mouvement.
Le 16th ADG partit pour Reims début octobre 1944 où il fut rejoint
par le reste du 6th TAD, puis l’ensemble du 2nd AADA du Colonel Steel.
Dépendaient également de l’Air Service Command, donc de
l’Air depot toute une série de branches spécialisées
dans le stockage et la distribution de fournitures requérant une manipulation
spéciale. Cela incluait les dépôts de carburants et d’huiles,
les munitions et les produits chimiques. Il y avait également des magasins
généraux qui fournissaient aussi bien l’aviation que les
troupes au sol (l’AAF sera une composante de l’Armée de Terre
jusqu’en 1947). Nourriture et matières consommables, outillage,
essence pour véhicules terrestres, machines et matériel du génie
nécessitent autant de services centers qu’il y avait de spécialités.
Bien sûr tout cela donnait un aspect radicalement différent à
ce terrain par rapport aux autres, car tout ce matériel, ces magasins
et ces ateliers étaient bâchés. D’immenses tentes
rigidifiées par des structures métalliques couvrirent bientôt
la surface réquisitionnée et ce, jusqu’au 5 octobre 44,
date à laquelle les maires des communes concernées furent avertis
que le Gouvernement des Etats-Unis leur rendait les terrains utilisés
par l’US ARMY.
La construction
des hangars de la zone technique.
Dans le schéma directeur d’ Overlord, 20 aérodromes devaient
être construits dans le secteur américain. Parmi ceux-ci, l’aérodrome
A-9 du Molay était particulier. A l’origine de la construction,
il était prévu pour la circulation d’avions de transport
d’où son appellation C pour Cargo, mais très vite, il fut
décidé, parce que le front ne s’élargissait pas assez
vite et que de plus en plus d’avions étaient basés en France,
de l’aménager et de l’utiliser comme base de réparations,
d’entretien et d’approvisionnement pour tous les Groups présents
sur le sol normand. Les fermes du secteur n’étant pas assez nombreuses,
se posa vite le problème du stockage et de l’hébergement.
Il fallut donc envisager de construire le plus vite possible de vastes hangars
et des structures d’hébergement. L’obligation
d’avoir à monter et démonter ces hangars rapidement fixa
le choix de l’état-major vers des structures démontables
faites de poutrelles d’acier arrimées entre elles et au sol par
un système de câbles et de raidisseurs, sur lesquelles on tendait
une plusieurs immenses bâches comme celles qui avaient déjà
été mises en place sur certains britanniques qui manquaient d’installations
ou qui n’en possédaient pas. La firme américaine Butler
s’était spécialisée dans ce genre de construction
dont l’atout majeur était de ne pas exiger de préparation
spéciale du sol préalablement à son montage. Seul un léger
aplanissement du terrain et un drainage du pourtour étaient nécessaires.
Deux exemplaires de « Butler Combat hangar » furent montés
sur le terrain du MOLAY. Sur le théâtre d’opération
normand, seul le 834th Engineer Battalion a reçu la formation et le matériel
pour procéder à l’édification de ces hangars. La
photo ci-dessous montre bien l’armature de ces hangars sous lesquelles
sont tendues les bâches et aussi l’absence de gros piliers de soutènement
qui auraient nécessité le coulage de dés en béton.
Des hangars plus petits furent construits avec des armatures semi-rigides juste
en face des « butler » pour le stockage des pièces détachées
et la réparation des moteurs. De type Semi-Romney leur construction était
aisée et rapide. Leur silhouette était typique sur les aérodromes
du théâtre d’opération européen. Cette zone
technique construite sur le lieu dit “Les Vases” comprenait aussi
une salle de cinéma utilisée que les civils du voisinage fréquentèrent
parfois. De nos jours, il ne subsiste rien qui puisse rappeler la zone technique.
Seules les fermes proches qui figuraient sur les photos d’alors nous permettent
de visualiser l’endroit où elle était implantée.
Les yeux du Grand
Quartier Général.
Les unités basées sur A-9 furent toutes des unités de reconnaissance
et ceci pour 2 raisons vraisemblables. D’abord la pose de caméras,
le chargement puis la récupération des films et enfin leur développement
demandaient un savoir-faire et un matériel qui étaient sur place,
A-9 étant un dépôt. De plus le 17th Signal Operation Battalion
(transmissions et service photographique) y avait établi ses quartiers
le 1er juillet et les photos prises passaient obligatoirement par les services
Signal. Le fait aussi que les photos prises devant être exploitées
très rapidement, la proximité du QG de Montgomery que fréquentaient
assidûment les généraux US permettaient une exploitation
quasi instantanée des clichés. Enfin le 67th TRG (Tactical Reconnaissance
Group) était déjà basé auprès de l’Air
Depot à Membury avant son départ pour la France et A-9. Les premiers
avions arrivèrent le 2 juillet mais une certaine confusion sembla régner
dans un premier temps car 15 jours auparavant, Brereton et son Etat major avaient
décidé une redéploiement total et une refonte des unités
de reconnaissance d’une importance primordiale dans la préparation
et le déroulement d’Overlord puis dans le déroulement de
la Bataille de Normandie ensuite, leur rôle majeur étant de chercher
partout les points faibles de l’ennemi.
P.R.G. et T.R.G.
Dans la terminologie américaine, un avion de reconnaissance photographique
(Photographic Reconnaissance ou P.R.) est un avion dont on a enlevé les
armes offensives pour les remplacer par des batteries d’appareils de prises
de vues et dont le rôle est de renseigner l’Etat Major sur l’état
des défenses ennemies. Ces appareils étaient dépourvus
d’armement et comptaient seulement sur leur vitesse et la surprise pour
prendre les clichés (le plus souvent en rase-mottes) nécessaires
à leur exploitation par les services de renseignements. Dans l’USAAF
E.T.O., ce rôle était dévolu au P-38 Lightning rebaptisés
F-5 (dans ce cas le F signifiant Foto) dont on avait enlevé les armes
logées dans le nez de l’avion pour les remplacer par toute une
série de caméras verticales, obliques et horizontales.
Un avion de reconnaissance tactique (Tactical
Reconnaissance ou T.R.) conservait, lui, ses armes de bord car il était
chargé pour sa part de prendre des photos au plus prêt des lieux
de bataille dans les mêmes conditions que les avions de combat, les caméras
et appareils de prises de vues étant situés dans le fuselage derrière
le pilote ou juste avant la queue. C’était le cas des P-51 Mustang
alors baptisés F-6.
A la veille de l’année 1944, l’organisation de la 9th A.F.
comprenait un Group de Reconnaissance
le 10th P.R.G. composé de 4 squadrons :
30th P.R.S (I6) - 31st P.R.S (8V) - 33rd P.R.S (2W) - 34th P.R.S (S9)
Tous équipés de F-5 Lightnings
Et un Group de Reconnaissance tactique : le 67th T.R.G.
composé également de 4 squadrons :
12th T.R.S (ZM) - 15th T.R.S (5M) - 107th T.R.S (AX) - 109th T.R.S (VX)
Tous équipés de F-6 Mustangs.
Jusqu’aux derniers préparatifs
du Débarquement, le Haut Etat Major qui avait besoin d’avoir des
renseignements sur l’état des défenses allemandes sur les
côtes s’est attaché les services du 10th P.R.G. C’est
la raison pour laquelle cette unité ne dépendait que de Lewis
Brereton tandis que le 67th T.R.G. était placé sous les ordres
du IX Tactical Air Command. En Mai 44 le 10th P.R.G. fut mis à ,la disposition
du XIX Tactical Air Command. Entre le 10 et le 13 juin, devant la nécessité
d’organiser la force aérienne chargée d’appuyer la
future offensive de la TUSA de Patton, le Haut Commandement parvint à
la conclusion qu’il était préférable (et plus simple)
que ces 2 Groups puissent accomplir chacun de leur côté toutes
les missions de reconnaissance au profit de la 1ère Armée (FUSA)
d’une part et de la 3ème (TUSA) d’autre part. C’est
pourquoi une refonte des 2 Groups fut décidée.
C’est ainsi que les 30th et 33rd PRS passèrent au 67th TRG qui
continuerait à couvrir l’avance de la FUSA tandis que les 12th
et 15th TRS furent attachés au 10th PRG chargé du même travail
pour la TUSA.
Dans le même temps le 363rd Fighter Group du XIX Tactical Air Command
commença à être équipé également de
F-6 pour devenir, en août entièrement TRG. C’est ainsi que,
dans un premier temps, le 380th FG était également 160th TRS,
le 381st FG /161st TRS et 382nd FG/ 162nd TRS.
Tous ces remaniements entraînèrent des mouvements de squadrons
sur différents terrains.
En fait ces squadrons dont les armées avaient besoin allèrent
où on les demandaient sans être enfermés dans le carcan
du Group. C’est ainsi que le 107th TRS pourtant composante du 67th TRG
basé officiellement sur A-9 ne fut jamais basé sur ce terrain
mais à Deux-Jumeaux et à Maupertus.
Le 2 juillet marqua le début d’une plus grande coopération
air/sol entre la FUSA et la 9th Air Force pour trouver tous les endroits où
une percée était possible et il fut demandé à l’aviation
d’accomplir l’effort maximum pour appuyer l’offensive de la
FUSA.
Sur A-9 les squadrons commencèrent à arriver. Le 4 ce furent les
F-6 Mustang du 109th TRS et, le 5 juillet, ceux des autres squadrons du Group
sauf le 107th comme il est dit plus haut.
Près de 500 Mustang furent construits ou
modifiés pour tenir le rôle de reconnaissance tactique sous la désignation F-6.
Le F-6A fut la première version à entrer en service actif dans l’USAAF en avril
1943 au sein 154th Squadron d’Observation en Tunisie. La majorité des F-6 emportait
2 caméras dans des configurations différentes selon les modèles. Dans la version
du F-6 issue du P-51 au P-51C, une caméra oblique K-24 était placée dans le
cockpit derrière le siège pilote et une verticale K-17
disposée verticalement dans le fuselage derrière le radiateur. Dans les F-6D
et F-6K versions du P-51 à verrière « goutte d’eau », la caméra oblique était
placée à l’arrière du fuselage juste au dessus de la caméra verticale. C’était
la règle mais il y eut de nombreux aménagements effectués sur le terrain. La
caméra K-22, intermédiaire entre la K-17 et la K-24 fut également utilisée.
Le 67th TACTICAL RECONNAISSANCE GROUP
- Avant le 13 Juin
12th T.R. Sq.
code ZM
15th T.R. Sq.
code 5M
107th T.R. Sq.
code AX
109th T.R. Sq.
code VX
Le 67th Reconnaissance Group, qui existe
toujours sous la dénomination de 67th Network Warfare Wing, ex 67th Intelligence
Wing, plonge ses racines dans les origines mêmes de l’aviation militaire
des USA . Sa vocation a toujours été de faire de l’observation,
de la photographie aérienne et du renseignement.
Le 67th Tactical Reconnaissance Group son aïeul durant la Seconde Guerre
Mondiale a pris naissance le 21 août 1941 sous l’appellation de
67th Observation Group sur le terrain de Esler Army Airfield en Louisiane puis,
après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre,
il fut déployé sur la Côte Est des USA pour mener des patrouilles
contre des intrusions éventuelles de sous-marins japonais. En janvier
1942, commença un entraînement en vue de servir outremer. Il était
alors composé des 12th, 107th, 109th et 153rd Observation Squadron. En
août 1942, il fut appelé à servir en Europe au sein de la
8th Air Force. Son installation sur la base RAF de Membury se termina en septembre.
Il était alors équipé de Spitfire V, de Douglas A-20 Havoc
et Boston (ex RAF) et quelques Piper L4 et Tiger Moth pour l’entraînement.
En mai 1943, il fut rebaptisé 67th Reconnaissance Group et passa à
la 9th Air Force le 1er octobre dans le cadre et comme noyau de la restructuration
des unités de reconnaissance US en Grande-Bretagne. Devenant 67th Tactical
Reconnaissance Group en novembre, il se redéploya sur le terrain de Middle
Wallop en décembre où les 107th et 109th squadrons furent équipés
de P-51A Mustangs. Puis le 107th fit mouvement sur le terrain de Aldermaston.
Le voisinage des quartiers généraux du IX Troop Carrier Command
et du IX Fighter Command permettait une exploitation immédiate des clichés
et des rapports visuels des missions effectuées. Le Group dépendait
alors directement du IX Tactical Air Command sans être attaché
à un Wing particulier. Ce n’est que le 13 juin 1944 que les 12th
et 15th T.R.S. passeront sous commandement du 10th P.R.G. dépendant du
XIX T.A.C. du Général Weyland pour devenir en compagnie des 31st
et 34th P.R.S. les yeux de la 3ème Armée américaine du
Général Patton.
Le 12th Tactical Reconnaissance Squadron était une très vieille
unité de l’USAAC puisqu’il héritait des traditions
du 12th Aero Squadron créé le 2 juin 1917 et qui n’a jamais
cessé son activité de reconnaissance jusqu’à sa dissolution
en 1992. C’est le 13 novembre 1943 qu’il fut rebaptisé 12th
Tactical Reconnaissance Group au sein du 67th T.R.G. Le 13 juin 1944, il fut
transféré du IX T.A.C. sous les ordres de Général
Quesada au XIX T.A.C. du Général Weyland. Ses Mustangs immatriculés
ZM se posent au Molay le 5 juillet en provenance de Middle Wallop. Ils en partiront
fin août pour A-46 (Toussus le Noble).
Le 15th Tactical Reconnaissance Squadron
était l’héritier du 2nd Aviation School Squadron créé
le 9 mai 1917 qui devint 15th Aero squadron le 22 août de la même
année. Son parcours est quasiment identique à celui du 12th jusqu’au
27 juin 1944 où il part pour Chalgrove d’où il opérera
pendant presque toute la bataille de Normandie sur le territoire de laquelle
il ne sera pas basé, ses Mustangs (codés 5M) rejoignant Rennes
le 10 août 1944
Le 107th T.R.S. est lui aussi issu d’une ancienne unité de la 1ère
Guerre Mondiale. Il devint une des 4 composantes du 67th Observation Group quand
il fut avec les 12th et 15th affecté à la surveillance de la Côte
Est des Etats-Unis. Juste après le Débarquement, il quitte Middle
Wallop pour rejoindre, le 28 juin, le PC du IX Tactical Air Command établi
sur A2 à Cricqueville en Bessin afin de fournir immédiatement
au Général Quesada les renseignements et photographies prises
derrière les positions ennemies. Ses Mustangs (codés AX) se poseront
au Molay le 5 après avoir fréquenté également quelque
temps le terrain A4.
Le 109th T.R.S. est le squadron « frère » du 107th. Tout
comme lui, il a été créé durant la guerre 14-18
et il a stationné en France du 2 janvier 1918 au 30 juin 1919. C’est
donc la deuxième fois qu’il stationne en France lorsqu’il
arrive au Molay le 5 juillet 1944. Il quittera A-9 entre le 29 et le 31 août
pour Toussus-le-Noble (A-46)
Le 67th T.R.G. sous les ordres du Lt Cl George Peck fut à la pointe du
combat par ses missions de reconnaissances armées dès le matin
du 6 juin. Pour cette seule journée, 109 sorties furent effectuées
par les F-6 au dessus des plages et aux alentours.
Durant la première quinzaine de juin, volant sans cesse par paires au-dessus
des terrains conquis, ignorant les ripostes terrestres, les F-6, volant à
très basse altitude, débusquaient l’ennemi partout où
ils le pouvaient. Mais cette façon de voler avait un inconvénient.
Ainsi le 9 juin à 20h10, 2 mustangs du 107th TRS furent abattus par erreur
par la DCA alliée dans le secteur de St Lô. Vingt-cinq minutes
plus tard ce sont 2 autres F-6, cette fois-ci du 109th qui subissaient le même
sort de la part de l’artillerie navale à Utah. Un pilote put être
repêché. A 20h40, 2 autres mustangs du 109th eurent également
à essuyer le feu ami à Omaha mais cette fois aucun avion ne fut
touché. Ceci prouvant que les fameuses bandes d’invasion, pourtant
bien visibles, ne pouvaient rien contre des artilleurs nerveux.
Du 7 au 18 juin, les reconnaissances armées sur les gares et le trafic
ferroviaire en arrière du front permirent la destruction de 62 locomotives
et environ 600 wagons.
En juin, l’aviation de reconnaissance tactique a effectué 3020
sorties dont 2075 avec combat, a perdu 17 avions pour 7 victoires et 4 probables.
Fin juillet les actions combinées des avions de reconnaissance tactique
et des chasseurs bombardiers jouèrent un grand rôle dans la rupture
du front. Du 25 au 31 juillet, 655 sorties de reconnaissance sur les objectifs
en arrière du front permirent la destruction de 384 chars, 2500 véhicules,
33 ponts ferroviaires, 46 ruptures de voies ferrées, 14 locomotives,
194 wagons, 45 carrefours routiers bombardés, 38 concentrations de troupes,
71 pièces d’artillerie, 45 casernes et 12 dépôts divers.
Le 67th TACTICAL RECONNAISSANCE GROUP - Après le 13 Juin
30th P.R. Sq.
code I6
33rd P.R. Sq.
code SW
107th T.R. Sq.
code AX
109th T.R. Sq.
code VX
Créé au début du mois
de février 1943, le 30th Photo Reconnaissance Squadron entra en activité
le 1er mai de la même année, il est envoyé en Angleterre
le 4 février 1944 où il est attaché au 10th Photographic
Group le 21 février. Après le 9 juin, il est transféré
au 67th Tactical Reconnaissance Group dans le cadre de la restructuration des
groups tactiques de reconnaissance destinés au IX Tactical Air Command
d’une part (FUSA) et du XIX Air Command (TUSA) d’autre part. D’abord
basé à Chalgrove le 1er février 1944, il déménagera
pour Middle Wallop le 17 mai avant de partir pour la France au Molay le 3 juillet.
Il quittera la Normandie pour Toussus-le-Noble le 31 août 1944.
Le major Richard S. Leghorn puis le Lt Col. D. Mitchell seront ses commandants
durant sa période normande. Les Lightnings F-4 et F-5 furent les montures
de leurs pilotes durant toute la durée de la Guerre. D’abord chargés
de la cartographie de la Hollande puis des résultats des bombardements
sur les gares de triage et les emplacements d’artillerie en avril 44.
Leur travail de photographie, lit-on dans le texte de la citation, des futures
plages du Débarquement sur des avions non armés à une altitude
ne dépassant pas 25 pieds (8 mètres) valut au 30th une DUC.
Le 6 juin, les F-5 P-38 effectuèrent
66 missions photographiques sur les plages. En outre 14 missions reconnaissance
météo et 2 missions en liaison avec l’artillerie furent
effectuées.
Le 10 août fut un jour particulièrement chargé lit-on dans
le journal de marche du 30th Squadron. En effet, ce jour là 42 missions
furent accomplies par le Group dont 27 par le 30th, plus que le 6 juin.
Le 30th a été le premier squadron à être basé
en France pour suivre une Armée. Il a servi tour à tour, la 9th
Air Force, la FUSA, la TUSA, le 12ème Groupe d’armées et
le XIX TAC. Il a photographié toute la la péninsule du Cotentin
à l’altitude 0 ( !) dans le langage des aviateurs cela veut dire
en vol rasant (- de 50 mètres d’altitude).
Le 33rd P.R.S. né à Morris
Field en Caroline du Nord, devint partie intégrante du 10th photographic
Group dans le cadre de la préparation au mouvement des unités
outremer en janvier 1944 (POM = Preparation for Overseas Movement). Dès
son arrivée en Angleterre il commença à entrer en opérations
dès le mois de février. Depuis la base de Chalgrove. Fin avril,
arriva de Will Rogers Field dans l’Oklahoma où il était
basé aux USA, une formation mixte de F-5 lightning de reconnaissance
de jour et de F-3 Havoc de reconnaissance photographique de nuit. Ces appareils
qui constituaient le flight «D» du squadron furent aussitôt
transférés au 423rd Night Fighter Squadron qui fut rebaptisé
155th Photo Reconnaissance Squadron (Night) qui participa activement aux opérations
du Débarquement bien que ses avions ne furent jamais basés en
Normandie.
Le 33rd Photographic Reconnaissance Squadron, devenu unité exclusivement
diurne fut transféré du 10th P.R.G. au 67th T.R.G. dans la seconde
semaine de juin 44 mais continua à voler pour le compte du 10th P.R.G.
jusqu’à ce qu’il parte pour le Continent en août. Ce
ne sera toutefois pas sa dernière affectation car après la Normandie,
il fut attaché au 363rd Tactical Reconnaissance Group. Toutes ces réorganisations
successives montraient bien l’importance et le développement croissants
de l’aviation de reconnaissance dans le déroulement des opérations
terrestres et l’évolution des doctrines militaires.
« …Parvenus sur A-9, nous
avons installé les remorques photos le long d’une haie et nous
avons commencé à développer les rouleaux photos qui nous
attendaient. Nous ne savions pas grand chose de la vie en campagne alors, mais
nous avons appris très vite … »