Sur Omaha, rien ne se passait comme prévu pour qui que ce soit et il
en fut également ainsi pour le 834th EAB qui avait essayé à
plusieurs reprises de débarquer sur le secteur planifié à
Vierville sur Mer. Mais des tirs de barrage particulièrement denses empêchèrent
le rhinoferry chargé de les mettre à
terre d’approcher du rivage.
Cela dura toute la journée. Il fut
décidé avec le Lieutenant-Colonel Livingston commandant le bataillon,
de faire une nouvelle tentative le lendemain matin soit à J+1 sur une
plage plus accessible, plus à l’est, sur la commune de St Laurent
sur Mer. Mais il y avait toujours, sporadiquement, des tirs de 88 et de mortiers
sur la plage que les pilotes du rhino ne connaissaient pas trop car ce n’était
pas leur objectif initial. Des soldats durent les guider à travers les
obstacles vers la plage où débarquèrent une centaine d’hommes
avec matériel et véhicules.
SOURCES : USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History of IX Engineer Command. Airfield statistics annex.
General Herbert W. Ehrgott, USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command.
Des reconnaissances poussées vers
Vierville où devait être construit l’ELS ont montré
que le site n’était pas encore assez sécurisé pour
y entamer des travaux. Il a alors été décidé de
le construire là où ils avaient débarqué entre les
Moulins et la vallée du Ruquet sur le haut de la falaise. Un paysage
par ailleurs assez semblable à celui initialement prévu. Dans
la nuit, le reste du bataillon avait fini par débarquer au lieu initialement
prévu près de Vierville et après avoir essuyé des
tirs d’armes automatiques auxquels ils répliquèrent, rejoignirent
leurs camarades à St Laurent. Finalement, malgré tous ces ennuis,
le bataillon n’eut à déplorer qu’un seul blessé
durant ces opérations. Ce qui ne fut pas le cas des 5 LCT qui devaient
débarquer, à H+ 2h30 un poste de contrôle aérien
de la RAF devant la sortie D3. Ayant perdu beaucoup d’hommes, 12 tués
et 50 blessés et de matériel, 2 radars sur 3 furent détruits,
finalement le radar rescapé, un AMES type 15 fut installé avec
le poste de contrôle (21st Base defence Sector, 85th Group) les 8 et 9
juin à l’extrémité ouest de la piste. Le radar a
fonctionné dans la nuit du 9 au 10 juin avant d’être transporté
à St Pierre du Mont.
Les engins des «Dozer Devils» (les diables sur bulldozer),
nom familier donné à ce bataillon né le 15 mai 1942
dans le Massachussets, arrivé en Grande-Bretagne le 17 août
de la même année en prévision de la «greatest
Amphibious Operation in History», se mirent au travail et une piste
sommaire fut très rapidement aménagée tandis que les
combats faisaient encore rage entre Vierville et la Pointe du Hoc.
L’armée ayant un besoin urgent
d’une piste pour évacuer les blessés les plus graves et
apporter le matériel médical au plus près du front, Livingstone
prit la décision de prolonger la piste afin de la mettre au standard
transport.
Malgré
toutes ces improvisations et le peu de matériel disponible, les hommes
du 834th EAB accomplirent un petit miracle en construisant une piste de 1.180
mètres de long. Pour cet exploit l’unité reçut, à
la fin de la guerre la Presidential Unit Citation.
Le 9 juin à 18h00, un premier C-47
équipé en avion sanitaire put atterrir et redécoller.
C’était le premier de plusieurs milliers… Avec une moyenne
d’une centaine par jour durant 6 semaines et avoir même enregistré
l’atterrissage d’urgence d’un Boeing B-17, bombardier quadrimoteur
de la 8ème Air Force qui put redécoller après réparations,
ce terrain s’est révélé d’une importance capitale
dans le domaine des secours apportés aux blessés et pouvait desservir
avec efficacité l’hôpital de campagne qui fut édifié
à moins de 1000 mètres : le 13th Field Hospital dont le personnel
était essentiellement féminin. Dans la journée un ballet
incessant d’ambulances Dodge faisaient la navette entre les tentes de
l’hôpital et la piste d’envol, 15 000 blessés graves
furent évacués durant la période où il fut en activité.
Il arrivait parfois que les infirmières (nurses en anglais) soignent
également les civils des environs.
Cet aérodrome, à l’origine
d’urgence, prit le nom de code E-1 (E pour emergency). L’Advanced
Landing Ground – terrain d’aviation – prévu à
St Pierre du Mont, destiné à recevoir un Group de combat ne put
être construit qu’avec un peu de retard dû à la résistance
ennemie, on lui attribua alors le code A-1 qui fut redonné à l’ALG
dès qu’il fut rendu opérationnel. Ce terrain qui n’avait
plus rien d’un aérodrome de fortune et qui servit presque uniquement
au transport prit le nom d’A-21 C (pour cargo, transport en français).
Cet aérodrome devint le 1er aérodrome opérationnel et l’un
des plus importants en Normandie. En août, il a servi, avec celui de Colleville
(A-22 C), de base de dépôt de carburants (1000 tonnes/jour !)
pour la 3ème Armée US du Général Patton dans sa
chevauchée à travers la Bretagne puis son mouvement tournant vers
l’est de la France.
Le 31st TRANSPORT GROUP
Le 31st Transport Group était une véritable
compagnie aérienne au service de la 9th depuis Grove, dans le Berkshire, siège
de l’état major de l’Air Service Command, où il était basé. Dès son achèvement,
il prit l’A-21 C comme escale continentale régulière pour son trafic. Il ne
dépendait pas du Troop Carrier Command mais de l’Air Service Command. Son appellation
était du reste différente, 31st Transport Group et non Troop Carrier Group.
Il ne figure pas non plus dans l’organigramme du Troop Carrier Command. Il était
également présent à Querqueville sur le terrain A-23 C et plus tard, après la
bataille de Normandie, il sera également sur A-40 à Chartres avant sa dissolution
dans le cadre de la réorganisation de la 9th . C’est en octobre 1943 que le
31st Transport Group fut créé au sein de l’Air Service Command non seulement
pour ses propres besoins, mais surtout pour suivre au plus près et porter assistance
aux troupes combattantes. Il était plus spécialement chargé d’assurer un service
d’évacuation des blessés et de transport de matériel et de pièces détachées.
C’est lui qui assurera par la suite également le convoyage d’avions neufs au
profit des unités basées sur le Continent. Si l’essentiel de son parc était,
au moment de la bataille de Normandie, composé de C-47 Skytrain et de C-53 Skytrooper,
il mit en œuvre également des Noorduyn Norseman, Stinson Sentinel (capable de
transporter un blessé sur brancard) et autres avions pouvant se rendre facilement
de terrain en terrain. En particulier le Noorduyn Norseman qui, outre sa fonction
de transport de V.I.P. avait une capacité d’emport lui permettant de ravitailler
les hôpitaux de campagne notamment en plasma sanguin. Le 31st Transport Group
qui, curieusement ne figure sur aucun organigramme de la 9th Air Force publié
à ce jour, comprenait 3 squadrons de transport et 2 de convoyage à savoir les
87th, 313th et 314th Transport squadrons et les 310th et 325th Ferrying Squadrons.
Ses avions, tout du moins ceux des squadrons de transport, étaient reconnaissables
à un petit triangle blanc porté en haut de la dérive.
C-53 «skytrooper» version transport militaire
du célèbre DC-3 mais non équipée de la porte cargo
du C-47 «Skytrain» (rappelons que le nom de Dakota
était à cette époque exclusivement une appellation britannique).
Celui-ci vu à l’été 44 a servi un moment d’avion
de transport personnel du Général
commandant le 9th Air Force Service Command, Henry J.F.Miller