C’est à la construction du quatrième terrain auquel s’attaquait,
en ce 18 juillet, le 820th EAB. Après avoir débarqué sur
Omaha dès le 7 juin, non sans mal, les hommes du Lt Col. T.J.Trumbull
se dirigèrent vers Cricqueville-en-Bessin pour la création d A-2,
puis le 16 juin vers Cartigny l’Epinay pour commencer les travaux d’A-5
« Chipelle» du nom, déformé, du lieu-dit sur le territoire
duquel il allait être édifié . Le 30 juin, alors que les
travaux n’étaient pas encore terminés, une partie du bataillon
fut envoyée à Grandcamp pour y préparer une bande de terrain
pour avions de liaison, tandis qu’un autre détachement retournait
sur A-2 pour allonger la piste. Tous ces tâches accomplies, le 820th fit
mouvement vers un lieu-dit Lignerolles situé en bordure de la route d’assez
grande communication (maintenant la D 13) Caen/Balleroy, à quelques kilomètres
de cette dernière commune. Le terrain A-12 dont les travaux débutèrent
le 6 juillet, allait prendre le nom de ce lieu-dit. Cela faisait un mois, presque
jour pour jour, que le 820th Engineer Aviation Battalion né le 15 mars
1942 à Davis-Monthan Field, Tucson, Arizona était en Normandie.
Arrivé le 14 août de la même année en Grande-Bretagne,
il se lança dès le 18 dans la construction d’un aérodrome
à piste en béton pour bombardier à Debach près d’Ipswich.
Puis avoir travaillé seul ou en collaboration avec d’autres EAB
sur des équipements divers, il se dirigea le 8 mai 1943, sur Wattisham
pour la création d’une nouvelle base pour bombardiers. Ensuite,
il se livra à différents travaux d’améliorations
ou de réparations un peu partout sur les bases aériennes en alternance
avec des exercices en vue du Débarquement pour lequel, finalement, il
devait embarquer le 1er juin 1944 à Newport (Pays de Galles).
Comme lors de leurs deux précédentes réalisations en Normandie,
les sapeurs du 820th EAB furent confrontés aux dures réalités
de la guerre sous le feu de l’ennemi : tirs d’artillerie, bombardement
nocturnes et tirs de mitrailleuses. Malgré tout cela, la construction
du terrain est terminée en 12 jours. Le bataillon part alors pour Les
Pas près d’Avranches pour une 5ème construction (y compris
la bande de Grandcamp) en Normandie.
Le 820th EAB qui suivra la TUSA de Patton jusqu’en Allemagne et interviendra
sur de nombreux terrains tant en France qu’en Belgique ou en Hollande,
demeurera dans l’Histoire comme un grand acteur de la Libération
de la France.
SOURCES
: USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History
of IX Engineer Command. Airfield statistics annex. General Herbert W. Ehrgott,
USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command
Arrivée des «Mogin’s
Maulers»
Le 362nd Group s’est toujours entraîné au combat sur P-47.
Muté en Angleterre en 1943 et d’abord attaché à la
8th Air Force, il accomplit sa première mission en escortant des B-24
qui devaient bombarder des sites de lancement de V1 dans la Pas de Calais le
8 février 1944.
Passant à la 9th Air Force le 13 avril 1944 dans le cadre de la réorganisation
des 2 Air Forces, il abandonna ses missions d’escortes pour l’attaque
au sol des moyens de communication ennemis dans le nord de la France en préparation
des opérations du Débarquement en Normandie.
Les 6 et 7 juin il fit partie de l’escorte des C-47 chargés du
largage des parachutistes dans le Cotentin.
Le 7 juin, 13 P-47 du 379th devaient escorter des C-47 remorquant des planeurs
dans le secteur de Carentan. 1 des P-47 s’écrasa au décollage
mais le pilote quoique blessé s’en tira. Sur l’objectif les
pilotes dénombrèrent 3 pertes de C-47. Touchés par des
tirs de flak, un au nord de Ste Mère Eglise et deux à l’ouest
de Carentan.
Après cela il fut engagé comme tous les autres groups de chasseurs-bombardiers
dans les missions d’interdiction destinées à venir en soutien
des forces terrestres.
Au début de juillet, l’échelon routier avancé du
Group avec, à sa tête, Le colonel Morton Magoffin,
commandant du Group débarquent à Omaha pour se rendre sur le site
d’A-12, ALG attribué au Group près de Balleroy. Au fur et
à mesure qu’ils s’avançaient dans la campagne vers
ce terrain qui leur semblait bien loin de la plage, ils percevaient, de plus
en plus distinctement les tirs de l’artillerie américaine, puis
ils entendirent le sifflement des balles passer au-dessus de leur tête.
Quand ils arrivèrent à l’endroit marqué sur la carte,
ils y trouvèrent plusieurs centaines de blindés de la 3rd USID.
Un major de la Division se rua vers eux en criant : «Vous êtes
les renforts ?»
«Mon Dieu, non, nous sommes de l’Aviation et nous arrivons pour
nous installer sur un terrain d’aviation aménagé quelque
part par ici.»
«eh bien dans ce cas, je crois bien que c’est ici. Mais qu’est-ce
que ces dingues de l’Air Force ont dans la tête en vous installant
à peine à 1000 mètres du front ?»
Magoffin donna l’ordre de descendre des camions, c’est le moment
que choisirent 3 Bf 109 pour surgir en rase-mottes en crachant de toutes leurs
mitrailleuses sur la colonne. 4 Military-policemen ne se relevèrent pas
et tout le monde se mit à creuser avec ferveur jusqu’à 8
heures du soir. Ils n’avaient pas plus tôt trouvé le sommeil
que cela recommença note le Private (soldat) Earl Johnson. «La
terre semblait se transformer en poussière et le vacarme assourdissant
du «ack-ack» de la DCA mêlé aux rugissements des piqués
fantomatiques des avions ennemis larguant des fusées éclairantes
dans une nuit zébrées de traçantes me donna l’impression
que mes tympans allaient éclater et mon nez se mit à saigner.
Tout près une bombe éclata. Je me laissai tomber sur les genoux
et me mis à prier. Je suis sûr que tout le monde en fit autant
cette nuit là.». A-12 était tout le temps sous les
yeux de l’ennemi qui tenait encore les hauteurs un peu plus loin (vers
Foulognes probablement). La sécurité était aléatoire
et un autre soir, 8 sapeurs du 820th EAB qui travaillaient à l’achèvement
des travaux sur la piste d’envol furent tués par les éclats
d’une salve d’obus tirés par les allemands.
Le 362nd FIGHTER GROUP "The
Mogin’s Maulers"
362nd Fighter Group
377th Fighter Sq.
code E4
378th Fighter Sq.
code G8
379th Fighter Sq.
code B8
Les P-47 du Group ne portaient ni insigne
ni couleur distinctifs durant le bataille de Normandie hormis bien sûr
leur «nose art». Les couleurs des squadrons sur les capots moteur
n’ont commencé à être appliquées qu’à
la fin de l’été 1944 lorsque le Group était à
Rennes et généralisées avec la peinture rouge sur la pointe
supérieure de la surface verticale de la queue au dessus de la bande
d’identification en novembre 1944. L’avion du colonel Magoffin portant
ces couleurs alors qu’il a été abattu le 10 août au-dessus
de la poche de Falaise et fait prisonnier, grièvement blessé à
la jambe, le jour même où le Group quittait A-12 pour A-27 (Rennes),
sont donc erronées. La photo en noir et blanc le montrant sous le nose
art de son avion peint sur une bande de capot interprétée comme
rouge est vraisemblablement noire. L’examen des nombreuses photos couleurs
des capots moteurs revêtus de nose art prises par Chuck Mann, photographe
du Group, tant à Headcorn dans le Kent, terrain du Group en Angleterre
qu’à Lignerolles (A-12) en France (9 clichés), ne montre
d’autres couleurs que le noir sur les avions métal naturel et le
blanc sur les avions camouflés mais en aucun cas le rouge, le vert, le
bleu ou le jaune, couleurs des squadrons adoptées ultérieurement.
La vie s’organise tant bien que mal
sous le feu sporadique des batteries allemandes et les visites nocturnes des
bombardiers. Le sévère colonel Magoffin, issu de West-Point, -
n’interdisait-il pas à ses hommes la consommation d’alcool
avant tout départ en mission - s’installe avec son QG dans le château
de Romesnil de l’autre côté de la route au nord des installations.
Fait prisonnier, blessé, il sera transporté dans un hôpital
parisien. Libéré avec la Capitale, il sera transporté aux
Etats-Unis et ne reviendra plus sur le front Nord-Ouest. Il sera remplacé
par le plus débonnaire Lt
Col. Joseph Laughlin, auparavant commandant du 379th squadron qui se rendra
célèbre pour avoir coulé à lui seul un croiseur
léger dans la rade de Brest. Titulaire de 5 victoires aériennes
il sera un des rares as de la 9th Air Force avec le Cpt E.O.Fischer de la même
unité.
L’aménagement du terrain demeura longtemps difficile et les hommes
connurent même des rationnements, y compris de boîtes de ration.
Un jour les hommes des sections S2 et S3 voulurent dresser une grande toile
de tente pour y installer l’administration, aussitôt une pluie d’obus
s’abattit sur le terrain obligeant les hommes à interrompre le
travail. Une fois la toile reposée au sol, les tirs cessèrent.
Après la percée d’Avranches cela alla beaucoup mieux et
le Group put se consacrer pleinement à sa tâche principale, à
savoir les missions de support rapproché des blindés de la 3rd
US Army de Patton au sein du XIX TAC qui lui était attaché. Cependant
le 2 août, le terrain est encore sévèrement bombardé
la nuit par des Junkers 88. Deux hommes seront sérieusement blessés
et plusieurs autres plus légèrement mais une ferme située
dans le secteur fut touchée et 2 civils furent tués et 3 autres
blessés.
Durant cette période, du 19 juillet au 10 août, date de son départ
d’A-12, le Group eut à déplorer la perte de 4 pilotes tués
au combat.
Quatre jours après le départ du 362nd Group pour Rennes (A-27),
le terrain sera occupé par les P-47 du 365th Fighter Group, les fameux
« Hell Hawks » en provenance du terrain A-7 (Azeville-Fontenay s/mer),
dont la piste était un peu trop courte pour des chasseurs-bombardiers
lourdement chargés au décollage.
Il fut à son tour remplacé début septembre sur A-12 par
le 34 Wing de la RAF à qui ordre avait été donné
de rejoindre les terrains se trouvant sur le territoire français. Or,
dans le secteur britannique, tous les terrains prévus pour accueillir
les nouvelles unités chargées de procéder à des
reconnaissances aériennes au profit de l’armée canadienne
en direction de l’est n’ont pas été construits. Ni
B-20, ni B-22 ne verront le jour. C’est donc sur le terrain US A 12, désormais
vidé de ses P-47, que se poseront, le 3 septembre, les Mosquitos IX et
XVI du 140 squadron et le lendemain, les Wellington XIII du 69 squadron et les
spitfires XI du 16 squadron, Ils y resteront de 3 ou 5 jours en attendant que
le terrain d’Amiens-Glisy (B-48) soit complètement réparé.
Le 34ème Wing (reconnaissance)
de la 2nd Tactical Air Force britannique.
C’est
en mai 1944 que le 69 squadron équipé de vieux bombardiers Wellington
transformés en excellentes plates-formes photographiques pour mener à
bien des reconnaissances aériennes de nuit, rejoint le 16 squadron et
ses spitfires XI et le 140 squadron et ses Mosquito IX et XVI au sein du 34
Wing rattaché à la 2nd T.A.F. Ces deux dernières unités
dont tous les avions, équipés de caméras, opéraient
le plus souvent seuls à haute altitude.
Le squadron 140 avait la charge de photographier en détail les installations
et équipements côtiers afin de dresser les plans du débarquement
et, à partir de 1943, quand il perçut des Mosquitos capables de
pénétrer plus profondément en territoire français
d'en dresser la cartographie. Quand arrivèrent les Mosquitos XVI équipés
de radars, des photos de nuit purent être faites. La livrée des
"Mossies" était uniformément bleu ciel dont l'appellation
anglaise était P.R.U. blue pour bleu Photographic Reconnaissance Unit.
Les codes du squadron qui étaient ZW, ainsi que la lettre individuelle,
ne furent jamais portés dès que les avions reçurent leur
peinture de guerre, c'est à dire les fameuses bandes blanches et noires.
Seul le serial était peint à l'arrière du fuselage et les
cocardes seulement bicolores.
Dès le début du mois de septembre
1944, le 34 Wing quitte Northolt pour rejoindre A-12. Durant tout le mois de
septembre le 34 Wing procèda à des reconnaissances aériennes
la Seine en en appui à l'Armée Canadienne.
Les codes des squadrons étaient UG pour le 16, MJ pour le 69 et ZW pour
le 140.