En 1937 est créée à Maupertus une base annexe de la base
de Querqueville avec une piste en herbe de 1000 mètres. Une piste en
béton sera créée en 1939 et le premier avion militaire
à s'y poser est un Bloch 155 le 9 mai.
Cet aérodrome ne jouera aucun rôle majeur durant la drôle
de guerre puis celle de France et c'est, comme pour Caen-Carpiquet, d’installations
quasiment neuves dont les allemands vont prendre possession pour y baser des
stukas en vue de l'assaut sur l’Angleterre puis de chasseurs de la JG
2 qui occasionnèrent bien des ennuis aux troupes débarquées
à Dieppe.
A la fin 1942, la Luftwaffe va lentement se replier vers des bases situées
plus à l’est pour tenter d’endiguer le flot incessant de
bombardiers sur la France occupée et l'Allemagne lors du débarquement,
il ne restait plus d'appareils de combat modernes sur les terrains côtiers.
Par contre les allemands ont fortement transformé le site en y installant
de nombreuses batteries de Flak, chacune composée de six pièces
de 88 mm.
SOURCES
: USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History
of IX Engineer Command. Airfield statistics annex.
General Herbert W. Ehrgott, USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command
Les Allemands s'accrochent à l'aérodrome
de Maupertus.
Le VIIe Corps du Général Collins
atteint les défenses de Cherbourg le 21 juin 1944 et envoie un ultimatum
à Von Schlieben, commandant la place de Cherbourg, qui n’y répond
pas. L'attaque commence. La 4ème D.I. du général Barton,
avec le soutien des chars du 70th Tank Battalion et de l’aviation, atteint
la cote 158. une hauteur située au sud-ouest de l'aérodrome de
Maupertus.
Mais les Allemands du Kampfgruppe Rohrbach contre-attaquent. Le 23 juin, le
12th U.S.I.R. repousse des assauts allemands dans les secteurs de l'aérodrome.
Le 24, les Américains prennent les positions de Digosville et entrent
dans Tourlaville. Le 26, le général von Schlieben se rend avec
plusieurs centaines d'hommes. Le 22nd U.S.I.R. du colonel Foster attaque en
direction de la position fortifiée Osteck, le 1st Batallion s'empare
de Gonneville et du sud de l'aérodrome de Maupertus, tandis que le 2nd
Batallion libère le bourg de Maupertus, mais l'artillerie de l'aérodrome
bloque l'attaque une fois de plus. Enfin le 27 juin les Américains viennent
à bout de la résistance acharnée des Allemands et s'emparent
de l'aérodrome.
La reconstruction des installations.
Le
850th Engineer Aviation Battalion est le sixième à arriver en
France. Il touche terre à Utah le 22 juin. Sa mission est de suivre les
troupes dans leur progression vers Cherbourg afin de remettre en état
les installations aéro-portuaires. Le 26 juin, l’EAB lance une
reconnaissance vers le terrain de Maupertus encore sous le feu des combats.
Le lendemain, la compagnie A avance avec prudence à l’intérieur
du périmètre de l’aérodrome miné et obstrué
par de nombreux obstacles sans doute piégés. Plus de 600 mines
et de nombreuses bombes seront retirées du terrain. Malgré quelques
trous à combler et quelques obstacles à éliminer, le seul
gros travail à effectuer sur la piste fut de tondre l’herbe devenue
très haute à cette époque de l’année. Le site
fut rouvert le 28 juin puis mis aux normes d’un aérodrome de transport.
En effet, en changement important dans les plans de la 9th Air Force fut apportée
début juillet. Ce changement stipulait que qu’un maximum de terrains
devaient à moyen terme (J+90) être capables d’accueillir
tous les Groups de bombardiers moyens sur le continent. Cinq sites avaient donc
été planifiés pour les recevoir et, en priorité,
les sites qui avaient été déjà des aérodromes
allemands. Maupertus était de ceux-là. Le 9 juillet, le 850th
EAB commence à recouvrir de plaques PSP une piste de 1850 mètres.
Deux jours plus tard, un des 3 bataillons primitivement attachés aux
opérations aéroportées, le 877th Airborne Battalion, non
appelé pour travailler avec les parachutistes, est affecté en
renfort sur A-15 pour la construction d’une deuxième piste tandis
que la longueur de la piste de 1850 mètres construite sur celle de 1700
mètres goudronnée par les allemands en 1941 fut portée
à 2000 mètres. A-15 fut non seulement le premier aérodrome
libéré mais également le premier terrain capable de recevoir
les bombardiers moyens et les avions de transport à pleine charge.
Le 363rd FIGHTER GROUP
Ci-contre, le 381st Fighter squadron
affichait, sur A-15 puis sur A-7, cette figure peinte sur un panneau de bois
représentant un «Mustang ailé » figure allégorique
constituée d’une tête et un poitrail de cheval et un corps
représentant le profil du fuselage du Mustang P-51 avec son écope
ventrale caractéristique, le tout ailé tel Pégase. Les
couleurs de cet insigne ne sont pas connues, on peut supposer qu’étant
donné que l’indicatif d’appel du squadron étant « blue
bird », la couleur de cet « oiseau » était
bleue.
Le terrain a été déclaré
opérationnel le 4 juillet mais des avions s’y posaient déjà
depuis le 29 juin. Du 1er juillet au 23 août ce fut la base du 363rd Fighter
Group. Le 4 juillet, le 381st squadron y prend ses quartiers en provenance de
Stapelhurst en Grande-Bretagne. Le lendemain, c’est au tour du 380th puis
enfin du 382nd. Le Group y restera jusqu’au 23 août, date à
laquelle il quittera A-15 pour A-7 où il sera transformé en Reconnaissance
Group le 4 septembre. A leur arrivée sur A-15, les pilotes étaient
logés dans les baraquements en bois du casernement allemand. Les attaques
alliées sur les installations les avaient passablement abîmés
ce qui avait pour effet de leur fournir une bonne ventilation. Le paysage aux
alentours était composé de tranchées, de fils barbelés
et de cratères de bombes ou d’obus plus ou moins profonds. La pancarte
«Achtung Minen» était souvent plantée aux entrées
de routes et chemins et, à proximité, des baraques les restes
d’un Sherman incendié contenait encore les restes calcinés
de 2 malheureux membres de l’équipage.
Sur A-15 à partir du 9 juillet,
les GMC CCKW 352 L1 châssis long à citerne F3 de 750 gallons (2
840 litres) de ravitaillement en essence du 382nd Squadron, débarqués
à Omaha le 8 juillet.
La
9th Air Force avait 2 Groups de reconnaissance : les 10th et 67th . Mais
ce n’était pas assez pour répondre à la demande des
troupes au sol, c’est pourquoi il fut décidé de transformer
un Group de chasse existant - moins utile maintenant que l’opposition
ennemie était moins présente - en unité de reconnaissance.
Considérant que la 9th Air Force effectuait de plus en plus la transformation
de ses unités de chasseurs-bombardiers sur P-47, le 363th, équipés
de P-51 se trouvait tout désigné pour faire l’objet de cette
conversion et ce d’autant plus que l’autre Group équipé
de Mustangs, le 354th, bénéficiait de l’aura d’être
le 1er Group à avoir été équipé de cet appareil
et qu’il avait obtenu de remarquables résultats avec lui. La décision
fut donc prise de dissoudre le 363rd mais de conserver la majorité de
son personnel pour le transformer sur le terrain en Group de reconnaissance
tactique et, en attendant de recevoir de nouveaux Mustangs F-6, d’équiper
peu à peu les P-51 de caméras.
Le Northrop P-61 «Black Widow»
Le 25 juillet, les riverains de la base de
Maupertus virent arriver de biens curieux avions. Des sortes de Lightnings mais
beaucoup plus gros. Il s'agissait en fait du nouveau chasseur tout-temps de
l'USAAF arrivé sur le terrain d'opérations européen en
mars 1944. Face aux attaques nocturnes de plus en plus nombreuses de la Luftwaffe,
l’aviation américaine ne pouvait opposer que des chasseurs britanniques,
la plupart du temps des Mosquitos mais aussi des Beaufighters un peu dépassés
L'usine Northrop en californie, forte des renseignements et des leçons
tirés de l'évolution de la guerre en Europe se mit à travailler
sur la construction d’un appareil de chasse de nuit capable également
de d'évoluer par tous les temps.
Ce P-61 fut l'un des premiers affecté au 422nd squadron.
Son pilote, le 1st Lt. Robert G. Bolinder termina la guerre avec 4 victoires
de nuit.
Le 422nd NIGHT FIGHTER SQUADRON «The
Green Bats»
422nd Night Fighter Sq.
Le rôle du 422nd Night Fighter Squadron
(NFS) était essentiellement tactique et plus spécialement défensif
puisqu'il consistait à intercepter les intrusions nocturnes de l'ennemi.
Cela impliquait l'utilisation de tous les moyens de détection aériens
et le vol au-dessus du territoire ennemi afin de le débusquer ainsi que
ses sources d'approvisionnement et ses installations. L'avion qui allait lui
être fourni pour cela était le P-61 aidé par le Douglas
P-70 version de chasse de nuit du A-20 Havoc qui servira surtout au largage
de fusées éclairantes au-dessus des zones signalées par
les troupes au sol.
Le 387th BOMBARDMENT GROUP (Medium) «The
Tiger tails»
387th Bombardment Group
556th Bomb Sq.
code FW
557th Bomb Sq.
code KS
558th Bomb Sq.
code KX
559th Bomb Sq.
code TQ
Le 387th Bombardment Group (medium) est
arrivé à Maupertus le 22 août, quelques jours avant le départ
des P-61 de chasse de nuit. C'était le 1er Group de bombardiers moyens
à s'établir sur le Continent. Les éléments volants
se posèrent venant directement de Stoney Cross où ils étaient
précédemment basés tandis que les rampants débarquèrent
à Utah Beach puis traversèrent La Madeleine que leurs propres
avions avaient bombardés quelques semaines auparavant.
Le Group comprenait environ 2000 hommes organisés
en 4 squadrons de bombardement, une compagnie de commandement et 3 squadrons
de service. Bien que les missions soient assignées au Group dans son
ensemble, les hommes s’identifiaient plus aisément au niveau du
squadron. Chacun d’entre eux avait d’ailleurs sa propre couleur
qu’on retrouvait sur la partie centrale de l’hélice et, parfois,
sur les extrémités des pales. Selon le «Technical Order»
de l’USAAF, un squadron devait avoir entre 16 et 20 avions répartis
en 4 flights (A à D) dont la moitié devait être opérationnels
immédiatement et l’autre moitié en stand-by ou en révision
ou réparations. Ce fut rarement le cas au 387th qui ne fut presque jamais
à plein effectif. Leur séjour à Maupertus fut de courte
durée, du 22 août au 18 septembre, à une époque où
les pluies fréquentes rendaient le sol spongieux sous le revêtement
bitumineux, rendant difficile le décollage des B-26 dont la course était
ralentie par la boue et les mettait, de ce fait, à la limite du second
régime. C’est ainsi que lorsque le décollage s’effectuait
face à la mer, les avions devaient souvent se mettre en descente jusqu’au
dessus du port de Cherbourg afin de prendre suffisamment de vitesse pour rejoindre
la formation. Les B-26 disparaissaient alors derrière les falaises qui
dominaient la côte pour réapparaître aux yeux des observateurs
une à deux minutes plus tard quelques kilomètres plus loin.
L’avance de La 3ème Armée de Patton fut si fulgurante qu’ils
pouvaient à peine la couvrir. Elle n’en avait d’ailleurs
nul besoin car depuis le débarquement de Provence, la couverture aérienne
venait de cette direction, tant et si bien que les seuls objectifs à
traiter de ce côté ci du front étaient les poches de résistance
de Brest, St Nazaire, Lorient et quelques villes côtières. Une
spéciale attention fut portée sur Brest qui fut bombardée
les 5 et 6 septembre. Quelquefois, le Group était cependant appelé
au secours de la 3ème Armée et c’est ainsi que les 10 et
12 septembre, des missions furent effectuées par le Lt. Col. Stewart
et le Capt. Stanton sur Gehternach et des installations de la ligne Siegfried
avec de remarquables résultats. Le 12 septembre, un détachement
de reconnaissance quitta Maupertus pour se rendre à Chateaudun (A-39)
afin de préparer le départ du Group pour ce terrain. Le 18 septembre
le Group avait entièrement quitté le sol normand. Les rapports
avec la population furent si bons qu’ils firent cadeau de leurs bicyclettes
aux civils français fréquentant la base avant de partir à
Chateaudun.
Martin B-26B-50-MA s/n 42-95857 immatriculé FW-K «shootin’in»
du 556th Bomber Squadron. Préservé aux USA