La 9th U.S. Army Air Force en Normandie


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 A-15 - Maupertus

En 1937 est créée à Maupertus une base annexe de la base de Querqueville avec une piste en herbe de 1000 mètres. Une piste en béton sera créée en 1939 et le premier avion militaire à s'y poser est un Bloch 155 le 9 mai.
Cet aérodrome ne jouera aucun rôle majeur durant la drôle de guerre puis celle de France et c'est, comme pour Caen-Carpiquet, d’installations quasiment neuves dont les allemands vont prendre possession pour y baser des stukas en vue de l'assaut sur l’Angleterre puis de chasseurs de la JG 2 qui occasionnèrent bien des ennuis aux troupes débarquées à Dieppe.
A la fin 1942, la Luftwaffe va lentement se replier vers des bases situées plus à l’est pour tenter d’endiguer le flot incessant de bombardiers sur la France occupée et l'Allemagne lors du débarquement, il ne restait plus d'appareils de combat modernes sur les terrains côtiers.
Par contre les allemands ont fortement transformé le site en y installant de nombreuses batteries de Flak, chacune composée de six pièces de 88 mm.

CODE
& NO
NAME OF AIRDROME AND COORDINATES
RUNWAY
DEVELOPMENT
INITIAL
CONST
DATE
INITIAL
OPERA-TIONAL
DATE
DATE OF
RELEASE
BY USAAF
MONUMENT
No
LENGTH
WIDTH
SURFACE
GRID
AZ
ENG
CDT
Brimstone
Speartop
Quill
A-15
Maupertus
O-258233 (LZ1)
2
5000
6000
120

PSP

174°
114°
850 EAB
877 ABN
Lt Col. W.J.Ray
Lt Col. R. Smotherman
27-6-44
4-7-44
30-12-44
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SOURCES : USAF Historical Division Air University Department of the Air Force. The History of IX Engineer Command. Airfield statistics annex.
General Herbert W. Ehrgott, USAF, Chief of Staff, IX Engineer Command

Les Allemands s'accrochent à l'aérodrome de Maupertus.

Le VIIe Corps du Général Collins atteint les défenses de Cherbourg le 21 juin 1944 et envoie un ultimatum à Von Schlieben, commandant la place de Cherbourg, qui n’y répond pas. L'attaque commence. La 4ème D.I. du général Barton, avec le soutien des chars du 70th Tank Battalion et de l’aviation, atteint la cote 158. une hauteur située au sud-ouest de l'aérodrome de Maupertus.

      

Mais les Allemands du Kampfgruppe Rohrbach contre-attaquent. Le 23 juin, le 12th U.S.I.R. repousse des assauts allemands dans les secteurs de l'aérodrome. Le 24, les Américains prennent les positions de Digosville et entrent dans Tourlaville. Le 26, le général von Schlieben se rend avec plusieurs centaines d'hommes. Le 22nd U.S.I.R. du colonel Foster attaque en direction de la position fortifiée Osteck, le 1st Batallion s'empare de Gonneville et du sud de l'aérodrome de Maupertus, tandis que le 2nd Batallion libère le bourg de Maupertus, mais l'artillerie de l'aérodrome bloque l'attaque une fois de plus. Enfin le 27 juin les Américains viennent à bout de la résistance acharnée des Allemands et s'emparent de l'aérodrome.

La reconstruction des installations.

Le 850th Engineer Aviation Battalion est le sixième à arriver en France. Il touche terre à Utah le 22 juin. Sa mission est de suivre les troupes dans leur progression vers Cherbourg afin de remettre en état les installations aéro-portuaires. Le 26 juin, l’EAB lance une reconnaissance vers le terrain de Maupertus encore sous le feu des combats. Le lendemain, la compagnie A avance avec prudence à l’intérieur du périmètre de l’aérodrome miné et obstrué par de nombreux obstacles sans doute piégés. Plus de 600 mines et de nombreuses bombes seront retirées du terrain. Malgré quelques trous à combler et quelques obstacles à éliminer, le seul gros travail à effectuer sur la piste fut de tondre l’herbe devenue très haute à cette époque de l’année. Le site fut rouvert le 28 juin puis mis aux normes d’un aérodrome de transport.
En effet, en changement important dans les plans de la 9th Air Force fut apportée début juillet. Ce changement stipulait que qu’un maximum de terrains devaient à moyen terme (J+90) être capables d’accueillir tous les Groups de bombardiers moyens sur le continent. Cinq sites avaient donc été planifiés pour les recevoir et, en priorité, les sites qui avaient été déjà des aérodromes allemands. Maupertus était de ceux-là. Le 9 juillet, le 850th EAB commence à recouvrir de plaques PSP une piste de 1850 mètres. Deux jours plus tard, un des 3 bataillons primitivement attachés aux opérations aéroportées, le 877th Airborne Battalion, non appelé pour travailler avec les parachutistes, est affecté en renfort sur A-15 pour la construction d’une deuxième piste tandis que la longueur de la piste de 1850 mètres construite sur celle de 1700 mètres goudronnée par les allemands en 1941 fut portée à 2000 mètres. A-15 fut non seulement le premier aérodrome libéré mais également le premier terrain capable de recevoir les bombardiers moyens et les avions de transport à pleine charge.

Le 363rd FIGHTER GROUP

 

Ci-contre, le 381st Fighter squadron affichait, sur A-15 puis sur A-7, cette figure peinte sur un panneau de bois représentant un «Mustang ailé » figure allégorique constituée d’une tête et un poitrail de cheval et un corps représentant le profil du fuselage du Mustang P-51 avec son écope ventrale caractéristique, le tout ailé tel Pégase. Les couleurs de cet insigne ne sont pas connues, on peut supposer qu’étant donné que l’indicatif d’appel du squadron étant « blue bird », la couleur de cet « oiseau » était bleue.

Le terrain a été déclaré opérationnel le 4 juillet mais des avions s’y posaient déjà depuis le 29 juin. Du 1er juillet au 23 août ce fut la base du 363rd Fighter Group. Le 4 juillet, le 381st squadron y prend ses quartiers en provenance de Stapelhurst en Grande-Bretagne. Le lendemain, c’est au tour du 380th puis enfin du 382nd. Le Group y restera jusqu’au 23 août, date à laquelle il quittera A-15 pour A-7 où il sera transformé en Reconnaissance Group le 4 septembre. A leur arrivée sur A-15, les pilotes étaient logés dans les baraquements en bois du casernement allemand. Les attaques alliées sur les installations les avaient passablement abîmés ce qui avait pour effet de leur fournir une bonne ventilation. Le paysage aux alentours était composé de tranchées, de fils barbelés et de cratères de bombes ou d’obus plus ou moins profonds. La pancarte «Achtung Minen» était souvent plantée aux entrées de routes et chemins et, à proximité, des baraques les restes d’un Sherman incendié contenait encore les restes calcinés de 2 malheureux membres de l’équipage.

 

 

Sur A-15 à partir du 9 juillet, les GMC CCKW 352 L1 châssis long à citerne F3 de 750 gallons (2 840 litres) de ravitaillement en essence du 382nd Squadron, débarqués à Omaha le 8 juillet.

 

La 9th Air Force avait 2 Groups de reconnaissance : les 10th et 67th . Mais ce n’était pas assez pour répondre à la demande des troupes au sol, c’est pourquoi il fut décidé de transformer un Group de chasse existant - moins utile maintenant que l’opposition ennemie était moins présente - en unité de reconnaissance. Considérant que la 9th Air Force effectuait de plus en plus la transformation de ses unités de chasseurs-bombardiers sur P-47, le 363th, équipés de P-51 se trouvait tout désigné pour faire l’objet de cette conversion et ce d’autant plus que l’autre Group équipé de Mustangs, le 354th, bénéficiait de l’aura d’être le 1er Group à avoir été équipé de cet appareil et qu’il avait obtenu de remarquables résultats avec lui. La décision fut donc prise de dissoudre le 363rd mais de conserver la majorité de son personnel pour le transformer sur le terrain en Group de reconnaissance tactique et, en attendant de recevoir de nouveaux Mustangs F-6, d’équiper peu à peu les P-51 de caméras.

Le Northrop P-61 «Black Widow»

Le 25 juillet, les riverains de la base de Maupertus virent arriver de biens curieux avions. Des sortes de Lightnings mais beaucoup plus gros. Il s'agissait en fait du nouveau chasseur tout-temps de l'USAAF arrivé sur le terrain d'opérations européen en mars 1944. Face aux attaques nocturnes de plus en plus nombreuses de la Luftwaffe, l’aviation américaine ne pouvait opposer que des chasseurs britanniques, la plupart du temps des Mosquitos mais aussi des Beaufighters un peu dépassés L'usine Northrop en californie, forte des renseignements et des leçons tirés de l'évolution de la guerre en Europe se mit à travailler sur la construction d’un appareil de chasse de nuit capable également de d'évoluer par tous les temps.


Ce P-61 fut l'un des premiers affecté au 422nd squadron. Son pilote, le 1st Lt. Robert G. Bolinder termina la guerre avec 4 victoires de nuit.

Le 422nd NIGHT FIGHTER SQUADRON  «The Green Bats»

                  
422nd Night Fighter Sq.
 

Le rôle du 422nd Night Fighter Squadron (NFS) était essentiellement tactique et plus spécialement défensif puisqu'il consistait à intercepter les intrusions nocturnes de l'ennemi. Cela impliquait l'utilisation de tous les moyens de détection aériens et le vol au-dessus du territoire ennemi afin de le débusquer ainsi que ses sources d'approvisionnement et ses installations. L'avion qui allait lui être fourni pour cela était le P-61 aidé par le Douglas P-70 version de chasse de nuit du A-20 Havoc qui servira surtout au largage de fusées éclairantes au-dessus des zones signalées par les troupes au sol.

Le 387th BOMBARDMENT GROUP (Medium)   «The Tiger tails»

387th Bombardment Group
556th Bomb Sq.
code FW
557th Bomb Sq.
code KS
558th Bomb Sq.
code KX
559th Bomb Sq.
code TQ

Le 387th Bombardment Group (medium) est arrivé à Maupertus le 22 août, quelques jours avant le départ des P-61 de chasse de nuit. C'était le 1er Group de bombardiers moyens à s'établir sur le Continent. Les éléments volants se posèrent venant directement de Stoney Cross où ils étaient précédemment basés tandis que les rampants débarquèrent à Utah Beach puis traversèrent La Madeleine que leurs propres avions avaient bombardés quelques semaines auparavant.

Le Group comprenait environ 2000 hommes organisés en 4 squadrons de bombardement, une compagnie de commandement et 3 squadrons de service. Bien que les missions soient assignées au Group dans son ensemble, les hommes s’identifiaient plus aisément au niveau du squadron. Chacun d’entre eux avait d’ailleurs sa propre couleur qu’on retrouvait sur la partie centrale de l’hélice et, parfois, sur les extrémités des pales. Selon le «Technical Order» de l’USAAF, un squadron devait avoir entre 16 et 20 avions répartis en 4 flights (A à D) dont la moitié devait être opérationnels immédiatement et l’autre moitié en stand-by ou en révision ou réparations. Ce fut rarement le cas au 387th qui ne fut presque jamais à plein effectif. Leur séjour à Maupertus fut de courte durée, du 22 août au 18 septembre, à une époque où les pluies fréquentes rendaient le sol spongieux sous le revêtement bitumineux, rendant difficile le décollage des B-26 dont la course était ralentie par la boue et les mettait, de ce fait, à la limite du second régime. C’est ainsi que lorsque le décollage s’effectuait face à la mer, les avions devaient souvent se mettre en descente jusqu’au dessus du port de Cherbourg afin de prendre suffisamment de vitesse pour rejoindre la formation. Les B-26 disparaissaient alors derrière les falaises qui dominaient la côte pour réapparaître aux yeux des observateurs une à deux minutes plus tard quelques kilomètres plus loin.
L’avance de La 3ème Armée de Patton fut si fulgurante qu’ils pouvaient à peine la couvrir. Elle n’en avait d’ailleurs nul besoin car depuis le débarquement de Provence, la couverture aérienne venait de cette direction, tant et si bien que les seuls objectifs à traiter de ce côté ci du front étaient les poches de résistance de Brest, St Nazaire, Lorient et quelques villes côtières. Une spéciale attention fut portée sur Brest qui fut bombardée les 5 et 6 septembre. Quelquefois, le Group était cependant appelé au secours de la 3ème Armée et c’est ainsi que les 10 et 12 septembre, des missions furent effectuées par le Lt. Col. Stewart et le Capt. Stanton sur Gehternach et des installations de la ligne Siegfried avec de remarquables résultats. Le 12 septembre, un détachement de reconnaissance quitta Maupertus pour se rendre à Chateaudun (A-39) afin de préparer le départ du Group pour ce terrain. Le 18 septembre le Group avait entièrement quitté le sol normand. Les rapports avec la population furent si bons qu’ils firent cadeau de leurs bicyclettes aux civils français fréquentant la base avant de partir à Chateaudun.


Martin B-26B-50-MA s/n 42-95857 immatriculé FW-K «shootin’in» du 556th Bomber Squadron. Préservé aux USA

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