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Carl Edward Bombardier
Pfc, F Company, 2nd Ranger Battalion - June 6, 1944 Pointe du
Hoc
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Cet article a été
transmis à l'Entreprise Brockton pour le 50ème anniversaire
de l'invasion de la Normandie par le fils
de Carl Bombardier, Capitaine Léon A. Bombardier, US Army
Corps of Engineers.
Deux résidents d'Abington
dans le Massachusetts participèrent au Jour J le 6 Juin 1944
en tant que membres du 2nd Ranger Battalion : les soldats de première classe Carl
E. Bombardier et Charles H. Bellows Jr. Selon la tradition des Commandos
Britanniques sous le système de "camarade", les
deux jeunes hommes joignirent le 2nd battalion récemment
formé, en activité à Camp Forrest dans le Tennessee
le 1er Avril 1943. Après quatorze mois d'entraînement
intense et au jeune âge de 20 ans, ils furent impliqués
dans l'invasion de la Normandie à la Pointe du Hoc.
La mission des compagnies
D, E et F du 2nd Ranger le Jour J était de sécuriser
la batterie d'artillerie côtière localisée en
haut des falaises de la Pointe du Hoc, située stratégiquement
entre les plages d'Omaha et d'Utah, et de couper la route courant
derrière la Pointe de St Pierre du Mont à Grandcamp.
Les six canons français de 155mm avaient une portée
estimée de plus de vingt kilomètres et étaient
considérés comme une menace sérieuse pour les
forces de débarquement alliées dans ces zones.
Les allemands croyaient cette
position imprenable par une attaque venant de la mer. Des mitrailleuses
et des canons antiaériens étaient installés
sur chaque flanc. Les abords terrestres étaient défendus
avec des mines et des barbelés. L'emplacement était
défendu par des éléments de la 352ème
division d'infanterie avec plus de 200 fantassins et artilleurs,
des membres du 726ème régiment d'infanterie,
de la 716ème division d'infanterie et de la 2ème
batterie du 832ème bataillon d'armée côtière.
Le matin du 6 Juin, Carl
Bombardier se souvient avoir quitté le paquebot Britannique HMS Ben
Machree pour embarquer dans un LCA.
"C'était brumeux,
un matin couvert" se rappela Carl pour le magasine de la compagnie
Proctor and Gamble publié pour le 25ème
anniversaire. "La mer était houleuse et certaines embarcations
recevaient de l'eau à bord et quelques-unes étaient
même inondées. Contrairement aux autres forces de débarquement
qui n'étaient pas habituées aux mers agitées,
la plupart d'entre-nous n'étions pas trop ennuyés
par le mal de mer. Nous transportions seulement des grenades, des
carabines, des fusils automatiques, des M1 et des réserves
limitées de nourriture. Je pense que le seul aliment que
je pris lors de cet événement fut une barre de chocolat
de ma ration D. notre mission était de débarquer sur
la plage au pied de la Pointe du Hoc, grimper au sommet de la falaise
de 30m de haut avec des échelles en cordes projetées
par des lance-roquettes sur la surface de la falaise et détruire
les six canons français de 155mm qui étaient capables
d'atteindre des cibles le long des plages d'Omaha et d'Utah où
l'invasion aurait bientôt lieu. Nous avions une heure environ
pour débarquer, sécuriser la falaise et préparer
une défense avant que la réelle invasion ne commence.
Trois compagnies (la mienne
était la F, les deux autres étaient les D et E) avaient
été affectées au premier assaut. Si nous prenions
la falaise avec succès et que nous établissions une
position dans le temps prévu, les trois autres compagnies
(A, B et C) nous auraient suivis en tant que renfort. Premièrement
nous fûmes conduit vers un mauvais endroit : la Pointe de
la Percée et par conséquent, nous perdîmes notre
élément de surprise. Les allemands virent ce que nous
faisions et tirèrent des obus sur nous comme nous tournions
vers l'ouest, vers la Pointe du Hoc. Quand finalement nous débarquâmes
après 2h sur l'eau, le feu ennemi était nourri. Le
premier homme à sortir de notre chaland était notre
homme de soutien armé d'un BAR (Browning Automatic Rifle)
et il fut touché immédiatement. La plupart d'entre-nous
se bouscula au dehors du chaland et réussit à trouver
un peu de protection au pied de la falaise. Chaque chaland avait
six échelles de corde. Sur la demie-douzaine nous en eûmes
seulement une seule sécurisée en haut de la falaise.
Je me souviens que nos mains
étaient engourdies par l'eau glacée et il était
pénible d'escalader avec le cordage mouillé. Heureusement
pour nous, deux hommes y parvinrent d'un autre côté
de la falaise et tinrent les allemands à distance pendant
que le reste de nos hommes se ruait en haut. L'ennemi nous contint
difficilement, ils coupèrent quelques-unes des échelles,
jetèrent des grenades par dessus le bord de la falaise et
mitraillèrent nos troupes pendant qu'elles escaladaient la
paroi rocheuse. Le bombardement lourd de l'US Navy avait fait du
bon travail réduisant leur puissance de feu avant que nous
débarquions, et les trous d'obus en haut de la Pointe du
Hoc me rappelèrent les cratères de la Lune, ils étaient
tellement gros. Nous sautions dans ceux-ci pour se mettre à
couvert une fois en haut. Je pense que cela nous pris 15 à
30min pour arriver en haut, mais à la fin de la journée,
seulement 90 Rangers sur 225 étaient toujours capables de
combattre. En plus notre retard fit que nous perdîmes nos
renforts ; les compagnies A, B et C ainsi que le 5th Rangers se
détournèrent vers d'autres plages, nous fûmes
alors seuls là-haut. Après cette heure cela devint
une simple question de survie.
Il était difficile
de savoir où étaient nos lignes, il n'y avait rien
qui indiquait si l'ennemi était derrière vous, devant
vous ou tout autour de vous. Au début il n'y avait pas de
périmètre de défense ou même un poste
de commandement établis. Ce qui était le plus décourageant
ce fut le fait que les allemands avaient déplacé les
gros canons vers une autre position plus loin à l'intérieur
des terres à cause des bombardements provenant de l'air et
de la mer. D'autres unités de Rangers avaient avancé
à environ 2km à l'intérieur, si bien que les
canons furent découverts dans un endroit dissimulé
et détruits, alors notre mission fut accomplie après
tout. Sans renforts, nous tînmes bon la Pointe du Hoc pendant
trois jours jusqu'à ce que l'ensemble de l'avance alliée
d'Utah et d'Omaha s'étendit rencontrant nos propres lignes."
Carl
Bombardier joignit l'armée avec l'ami de sa ville natale
Charlie Bellows en tant que volontaires en 1942. Ils rejoignirent
ensemble le 2nd Rangers en 1943. Charlie Bellows atteignit le haut
des falaises avec des membres de son unité, la compagnie
E et il fut rapporté qu'il participa à l'attaque d'une
position fortifiée. Le soldat Bellows fut tué plus
tard à la Pointe du Hoc. Le rond point Bellows de la rue
de Plymouth à Abington porte son nom.
Le sergent Léon H.
Otto fut aussi tué à la Pointe du Hoc, il était
le chef de section de mon père, c'est pour cela que je me
nomme ainsi.
Carl E. Bombardier finit
la guerre à Pilsen en Tchécoslovaquie, il était
le seul de sa section parvenu jusque là. Père de neuf
enfants, il mourut suite à une crise cardiaque à Abington,
Massachusetts, le 2 Juillet 1976.

Ce témoignage est
publié avec l'autorisation du fils de Carl E. Bombardier
: Leon A. Bombardier.
Traduction réalisée par Guillaume Ferey
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