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Charles S. Pearson
12th Yorkshire Parachute Battalion - 6th Airborne Division
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J'étais dans le 12th
Yorkshire Parachute Battalion. Celui-ci se préparait le 5
juin 1944 lorsque nous sommes montés dans l'avion - un quadrimoteur
Stirling. Nous étions tous très calmes. La RAF vint
avec des bouteilles de thé, mais aucun d'entre nous n'en
voulut! Alors que nous passions la Manche, et au-dessus de la France,
je retins mon souffle - comme si le monde s'arretait - CA Y ETAIT
- le début de tout, je pensais à ma femme à
la maison, j'esperais que je m'en sortirais et j'ai prié
dieu, comme tant d'autres, comme je l'avais fait à Dunkerque.
Il doit m'avoir entendu et a peut-être pensé que je
n'étais pas encore bon pour mourir!
Alors que nous approchions de la zone de largage l'avion fut touché,
c'était comme rouler sur une route avec le chassis raclant
le gravier - ce n'était que des dégats légers,
mais le son fut terrifiant!
La lumière rouge s'est
allumée, puis la verte - c'était le moment - nous
devions tous sauter par le trou dans le sol. J'avais un sac avec
un Bren etc, il a fallu une ou deux secondes pour passer car plusieurs
autres hommes portaient des sacs et de l'équipement et l'avion
bougeait incroyablement. Je pense que les pieds du pilote devaient
dépasser de la carlingue!
J'ai atterri maladroitement
et le sac ayant tapé ma botte, j'ai pensé que mon
pied était cassé, et je me suis fortement tordu le
bras, je sentais encore la chaleur des moteurs de l'avion et je
les sens encore! J'ai également pensé aux tasses de
thé que nous avions renversées dans l'avion!
J'ai porté le fusil-mitrailleur Bren et quand j'ai atteint
le point de rendez-vous, des frisés nous sont tombés
dessus en déversant un tir nourri depuis une voiture blindée.
Puis un frisé nous a arrosé avec une mitrailleuse.
Nous avons effectué une manoeuvre de débordement et
sommes arrivés derrière lui. Et les gars ont fait
parler l'acier. Cela a résolu le problème. Après
regroupement nous avons entamé la marche vers notre objectif:
Breville. Sa capture était essentielle - Cela devait être
fait à n'importe quel prix. C'était sur un terrain
haut contemplant une vallée par laquelle les allemands auraient
pu percer à n'importe moment dans la tête de pont qui
devait être établie, à moins que nous ne l'ayons
prise.
Nous nous somme mis en formation
dans un secteur à seulement 1 kilomètre de Breville
et subirent un terrifiant pilonnage de mortiers allemands. A la
tombée du jour notre artillerie a ouvert le feu pour nous
appuyer, très vite la nuit était parcourue par les
trainées d'obus de notre artillerie et la riposte des mortiers
allemands. Alors que nous attaquions le village nos hommes sont
tombés un après l' autre, mais nous avons continué,
déterminés à faire le travail qui nous avait
été donné.
En dépit des tués et blessés nous nous sommes
finalement frayé un chemin dans Breville où la bataille
fit rage, quartier par quartier, jusqu'à ce que les frisés
soient refoulés.
Ensuite nous avons commencé
notre travail suivant sans répit - creusé avec frénésie
pour attendre l'inévitable contre-attaque des mortiers! Nous
n'étions pas déçus. Le quart d'heure suivant
l'enfer commença et le village tout entier semblait en feu.
Les allemands savaient son importance autant que nous! Mais nous
nous sommes accrochés, en dépit de tout. Je me souviens
qu'au plus fort du bombardement nous avons perdu le sergeant-major
et notre colonel. Le colonel s'affairait à regrouper tout
le monde, en criant "Enterrez-vous..., ou mourrez." Peu
après il fut tué - et plusieurs de nos hommes et de mes camarades MOURRAIENT. Un type eut de la chance
- son casque était éventré comme une boite
de conserve - il était blessé, mais il était
chanceux d'être encore en vie après un coup pareil.
Tout au long de la nuit nous
avons attendu la contre-attaque allemande contre ce qui était
maintenant les restes d'un village - sans mortiers à présent
- mais avec de l'infanterie. Elle n'a jamais été lancée.
Jusqu'à ce que des prisonniers fussent interrogés plus
tard, nous ignorions que nous leur en avions tant montré
qu'ils n'avaient ni la force ni la volonté de faire un nouvel
effort. Mais à ce moment-là nous ne savions pas, toute
la journée et la nuit suivante et après deux jours
que nous tenions, TRES fatigués, que nous serions relevés.
J'ai transporté le gars qui avait son casque eventré,
l'ai amené jusqu'à une jeep pour le sortir de la zone
de combats. Mais alors nous allions partir, je me suis aperçu
que la roue arrière brûlait, donc j'ai du l'éteindre
avec du fumier de cheval ou de vache.
Il y avait trop d'excitation pour faire attention à ce que
c'était! C'est à ce moment que j'ai réalisé
que j'étais touché à la jambe. Je ne m'en était
pas rendu compte jusque là!
L'église et tout le reste était alors en flammes.
Les obus de notre propre artillerie nous tombaient dessus également,
parce qu' apparemment l'officier dirigeant les tirs avait été
tué, résultat nous subissions les deux sauces: artillerie
anglaise et mortiers allemands!
Quand nous avons été
relevés j' ai été emmené à Royal
Navy et donc, retour en Angleterre où mon rapport de l'hopital
de Blackpool signalait mon problème comme "Blessure
à la jambe et épuisement".
Un incident qui montre à quel point le destin joue un role
important: un de mes camarades a laissé tomber son couteau
de combat et s'est coupé le pied, juste avant de décoller.
On l'a équipé et il ne disait rien parce qu'il ne
voulait pas être laissé en arrière. Mais une
fois là-bas il marchait difficilement, donc il est resté
pour s'occuper de l'équipement quand le pilonnage a commencé.
Il a été touché directement par un obus à
la nuque et la partie inférieure de la tête.
Quand le général,
plus tard maréchal, Montgomery vint sur le terrain pour une
cérémonie de remise de décorations aux officiers
et aux hommes de la division, une DSO revint au colonel, une MC
deux DCM et quatre Médailles Militaires se virent attribuées
aux autres officiers et hommes du 12th Yorkshire Parachute Battalion.
Un seul était présent pour recevoir sa récompense
- les autres étaient ou morts ou blessés. Celà
veut tout dire.
Charles S. Pearson
Traduction réalisée par Bertrand-Xavier Massot.
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