Le récit de William
J. Stone : La perte du navire USS Susan B. Anthony sur la côte de Normandie
est devenu un sujet majeur de discussion. La première impression de Jay
après être monté à bord fut : ce vaillant équipage
dispose d'un confortable moyen pour se rendre à la guerre. Pas d'absurdités
comme marcher 30 kilomètres dans la boue, sous la pluie ou sur des routes
poussiéreuses par forte chaleur, bivouaquer dans de minuscules tentes pendant
les entraînements de tirs d'artillerie dans la plaine de Salisbury.
La nourriture était merveilleuse : il recevait uniquement 2 repas par jour,
mais de bonne qualité, tandis que l'équipage bénéficiait
des 3/4 de ces excellentes denrées. Malgré cela, il ne se plaignait
pas, lorsqu'il comparait avec les 2 repas par jour sur le Queen Mary en Juin 1943.
La majorité du bataillon avait traversé plus tard, en Novembre.
Tout américain qui a traversé l'Atlantique sur un bateau anglais
a probablement gardé le même souvenir de la nourriture. Jay avait
traversé en seulement 3 ou 4 jours sur ce paquebot alors que la majorité
du bataillon traversa sur une bassine anglaise, leur voyage dura une éternité
et la bouffe était minable ! Puis il y avait, merveille des merveilles,
le magasin du bateau. Un paradis en comparaison de la petite cambuse du bataillon
! Vous aviez la possibilité d'acheter toutes les friandises que vous étiez
capable d'ingurgiter. La vie était belle, mais Jay savait que cela finirait
bientôt. Le lendemain du jour J, le Susan B percuta une mine. Jay n'avait
jamais ressenti une telle puissance : Ils ne naviguaient pas sur un petit bateau
! Néanmoins la déflagration de la mine secoua le navire pendant
plusieurs secondes. On leur ordonna de monter sur le pont. Quelques minutes plus
tard, Jay vit des marins avec des pansements sur leurs têtes : ils étaient
à l'intérieur lors de l'impact et avaient été blessés.
Apparemment nous avions perdu nos moyens de communication avec le navire amiral
parce que lorsqu'un destroyer d'escorte avec un officier de sauvetage à
bord arriva à proximité le capitaine de notre navire civil, converti
en transport de troupes, dialogua avec cet officier par porte-voix. Le capitaine
proposa d'échouer son navire à l'aide de remorqueurs, il ne voulait
pas perdre son commandement. L'officier de sauvetage conféra avec le navire
amiral et donna la mauvaise nouvelle au capitaine : en l'absence de remorqueur
disponible, il devait procéder à l'évacuation des passagers
et son équipage puis abandonner le navire. Le capitaine n'était
pas particulièrement content ! Obéissant mais pas content !
Quelques bateaux de sauvetage, dont le destroyer d'escorte de Sa Majesté,
vinrent à couple pour le transbordement. En raison du clapot les bateaux
s'écartaient d'une soixantaine de centimètres et les filets de cargaison
utilisés pour descendre ne permettaient pas toujours d'atteindre le destroyer.
Il fallait faire une rapide estimation puis sauter sur le pont. Bien qu'hasardeux,
ceci ne provoqua pas de victimes. Lorsqu'ils s'éloignèrent du
Susan B, Jay fut surpris de constater la rapidité à laquelle le
navire s'était enfoncé dans l'eau en moins de 2 heures. Ceux qui
attendaient sur le pont semblaient très proches de la ligne de flottaison.
Néanmoins chacun abandonna l'épave sain et sauf ! Peut après
l'évacuation du dernier homme, le Susan B sombra dans les eaux froides
de la Manche. L'équipage du destroyer pris soin d'eux. Il leur donna des
cigarettes et un repas. La nourriture rappela à Jay des souvenirs du Queen
Mary et fut un prélude à celle servie 3 mois plus tard pendant leur
intégration dansla Seconde Armée Britannique en Hollande. L'hospitalité
de Sa Majesté devait se terminer ! Ils transbordèrent une fois de
plus, à bord d'un LCL de la Marine des Etats Unis cette fois. Encombré
et surchargé au point que certains escaladèrent le bordé
et s'assirent sur l'étroit rebord qui ceinturait la barge, avec l'eau distante
de quelques centimètres seulement. Quelques instants plus tard un chasseur
allemand mitrailla la plage en enfilade. C'était les premiers tirs de combat
que Jay entendait, cela le rendit mal à l'aise et il escalada le bordé
pour rejoindre l'abri du pont encombré. Avant que Jay saute dans la barge,
2 chasseurs américains sortirent du soleil pour attaquer l'allemand qui
se dirigea vers l'intérieur des terres en fumant et perdant de l'altitude.
Jay ne se rappelle rien de son débarquement à Utah sauf que malgré
les exhortations du Général Taylor dans la zone de préparatifs,
il ne cria pas " Bill Lee ". Il a appris depuis longtemps à ne
pas insister lorsque quelqu'un estime avoir un meilleur souvenir que lui concernant
les circonstances du naufrage.
Le récit
de Norman Maine, confirme la narration de Jay à propos du Susan B Anthony
: La tête de Norm heurta violemment un barrot au dessus de sa couchette.
Il estime que sa tête était plus costaud que le roof en acier ! Comme
la lumière s'éteignit instantanément, ils ne purent vérifier
si le barrot avait une entaille, mais sa tête n'eut besoin d'aucun pansement.
Lorsque son tour vint pour le transbordement il n'était plus nécessaire
d'utiliser le filet pour descendre sur le bateau sauveteur. La mer était
mauvaise. Un camarade craignant qu'il tombe entre les deux navires lui donna une
poussée dans le dos. La plage était sous contrôle policier,
donc s'était Jour J + 1 ou 2. Ils se sont réarmés avec le
matériel laissé sur la plage.
Le
récit de John Nasea Junior : Pour le Jour J, le bataillon reçut
l'ordre d'étanchéifier ses canons, jeeps, etc. Ils traverseraient
en bateau : la majorité des hommes du bataillon sur le Susan B Anthony,
mais John fut assigné à bord du John S Mosby. Qui l'accompagnait
? Il se tourna vers un caporal ou sergent et lui fit remarquer que le Mosby
était chargé en suivant la procédure de déchargement
! Les canons (75mm Howitzer) étaient embarqués dans la cale tandis
que les camions étaient placés sur le pont. Ce gradé haussa
les épaules comme pour dire " Que puis-je y faire ? ". Quelque
part au milieu de la Manche, John fut convoqué devant une maquette. En
2 minutes, lui et ses camarades étaient supposés assimiler la configuration
de la plage de débarquement ! Finalement le jour se leva, la Marine tirait
des salves de ses puissants canons et ils regardaient ce spectacle. (Le Lieutenant
Fred King affirme avoir vu le Susan toucher la mine puis couler). John peut en
avoir été témoin mais n'en garde qu'une mémoire très
vague. Ils restaient juste assis à regarder ! Ils avaient les canons
D'après l'édition originale de Mission Accomplie, le matin du 9
Juin un petit bateau accosta pour connaître leur unité et signaler
qu'ils étaient recherchés depuis 2 jours. En premier ils déchargèrent
les camions puis sortirent les "pétoires" de la cale ! Lorsqu'ils
eurent terminé la fin de l'après midi approchait et il bruinait.
Juste comme John franchissait le bordé pour débarquer, un avion
allemand mitrailla. John fut bringuebalé d'avant en arrière sur
son échelle de corde, avec la houle, le navire et la barge s'écartaient.
Johnny, le petit garçon de Madame Nasea était ballotté entre
les deux, mais finalement, il atterrit sur la péniche de débarquement
tandis que le chasseur allemand rentrait à la maison. Son débarquement
se déroula sans incident, il passa la nuit sur la plage qui, à ce
moment était débarrassée de toute présence hostile.
Un petit garçon humide et frigorifié. La nuit suivante, il fut assigné
avec plusieurs autres qu'il connaissait à peine, de garde dans un avant-poste.
Quelqu'un criait-il parfois "Halte" ? La ronde des camions du Red Ball
Express se poursuivait sans relâche : Munitions, carburant, vivres...
Ces mecs faisaient un sacré job pour approvisionner le front !
John
Nasea, Jr
Ces mémoires sont
publiées avec l'autorisation de John Nasea Junior extraits de son récit
: FIREPOWER (Puissance de feu) par John Nasea Jr & Al Nolime Tangere.
101st Airborne Division. Normandie Hollande Bastogne Allemagne
Vietnam. Mission Accomplie. Volume 85, 2ème édition, Février
1999. Voix du 321st Glider Field Artillery Battalion Association