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Brian Guy
246 Field Co Royal Engineers - 3rd British Infantry Division
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Ce ne sont pas seulement
des images et des scènes qui me sont restées au fil
des ans, mais aussi des sons, des sons qui rappellent des épisodes
du passé.
Aujourd'hui (environ 60 ans en arrière) nous étions
sur le point de prendre Caen! Nous avions atteint les hauts terrains
à gauche de la route menant à Caen, cette route poussiéreuse
qui surplombait la zone industrielle de Colombelles dans les faubourgs
de Caen, avec le haut bâtiment de construction d'acier loin
derrière, tout rouillé et décharné.
De notre point de vue on pouvait voir à des miles à
la ronde en contrebas et le terrain s'étendait en un grand
panoramique.
Pleins d'extase et ne sachant
pas que cette zone était encore entre les mains des allemands,
et qu'ils observaient nos déplacements (on nous avait dit
que la 51st Highland Division l'avait prise), après une longue
observation du terrain en contrebas nous avons continué de
sonder et se frayer un chemin vers l'avant, pour garantir que le
passage était dépourvu d'ennemi et de mines.
L'ennemi y a vite mis une
fin, nous venions juste de pénétrer et de sécuriser
une ferme quand tout bascula, un formidable barrage d'artillerie
provint de l'usine d'acier rouillée en contrebas. Tir direct,
dont on n'entend pas les obus tomber jusqu'à la dernière
seconde, le son du tir ressemble alors à un train express
avec le hurlement des obus, dégageant des explosions violentes
et produisant de multiples éclats, la ferme explosa soulevant
des débris de bois qui retombèrent sur mes épaules,
les débris volants, le sifflement continu et les flashs des
explosions, les ondes provenant de l'explosion des obus, un intense
barrage, la fumée tourbillonnante, nous a tous saisis de
frayeur.
Les plaintes et les cris
des hommes mortellement blessés, ma bouche sèche,
suffocant de poussière. J'ai commencé à me
dégager, couvert par des saletés, de la poussière
et des éclats de bois.
Soudain j'ai entendu au loin le son des cornemuses, au-dessus de
tout ce bruit, je pouvais entendre le chant des tuyaux écossais,
je suis sorti des décombres et regardé la trace de
poussière s'élevant et il y avait, marchant nonchalamment
vers nous, ce joueur de cornemuse, en kilt kaki, se tournant de
droite à gauche, tout en avançant et se concentrant
sur son jeu de cornemuse. Le son de la guerre! A chaque fois que
j'entends les cornemuses j'avoue avoir une boule à la gorge,
j'ai été dans la bataille avec le son des cornemuses
et je peux plus les entendre sans être profondément
touché.
Brian Guy (05 Juillet 2003)
Traduction réalisée par Bertrand-Xavier Massot.
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