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Denise Lecourtois
Neuville au Plain - Manche
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Mes parents tenaient un commerce
d'épicerie et un café à Neuville au Plain en
bordure de la route menant à Cherbourg. J'avais alors 21
ans et nous vivions chez eux. Mes parents s'occupaient du café
et nous allions traire les vaches et nous occuper des animaux que
nous avions dans les champs autour du village.
Vu de notre village, rien
ne laissait présager ce qui allait se passer. Aucune activité
anormale ni aucun signe ne laissait montrer ce qui allait se passer
dans la nuit du 5 Juin 1944.
Le 5 Juin au soir nous sommes
allés nous coucher comme d'habitude. Au milieu de la nuit
notre père est venu nous réveiller et nous avons alors
entendu le vacarme des avions qui passaient. En ouvrant la fenêtre
de la chambre située au premier étage nous pouvions
voir les parachutistes qui tombaient et devaient se poser dans les
champs autour du village. Nous les voyions se déplacer silencieusement
dans la nuit en rasant les maisons.
La semaine précédente des Allemands stationnaient
dans le village mais ceux-ci étaient partis quelques jours
auparavant et il ne restait plus personne hormis les civils. Tout
était calme dans le village cette nuit là.
Personne n'est sorti et nous sommes retournées nous coucher
jusqu'au matin. Après le lever du jour nous sommes parties
du village car nous ne voulions pas rester dans notre maison au
bord de la route, seul mon père est resté tout le
temps à la maison.
Pendant 4 jours nous avons erré à travers champs entre
Houlbec et les Bergeries à la recherche de nos bêtes
qui s'étaient enfuies, nous dormions le soir dans des granges,
sur la paille, avec d'autres civils. Nous sommes revenues au bout
de 5 jours à la maison retrouver mon père. En chemin
nous avons rencontré des parachutistes morts dans les fossés,
beaucoup d'animaux aussi. Au château de Neuville, les chevaux
étaient morts à la grille du château, sans doute
en essayant de la franchir, leurs pattes passées au travers
des barreaux.
De retour au village nous
avons aidé notre voisin à s'occuper de ses bêtes
et à les traire. Il avait pris la précaution de les
enfermer et elles ne se sont pas enfuies. C'est aussi à ce
moment que ma sur a été blessée par un
éclat d'obus tiré par les Allemands depuis Ecausseville.
La maison face à la nôtre a également été
abîmée pas ces tirs.
Plus tard les Américains
ont remplacé les Allemands au café de mes parents.
Ils nous accompagnaient aussi dans les clos lorsque nous allions
traire les bêtes. Nous regardions passer les convois qui venaient
de Cherbourg. Nous leur faisions signe et ils nous jetaient des
oranges.
Denise Lecourtois (13
Avril 2004)
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